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"J'ai essayé mais je n'y arrive plus": Taha Bouhafs ouvre la porte à son retrait aux législatives

Le journaliste Taha Bouhafs pose le 21 février 2020 à Paris

Le journaliste Taha Bouhafs pose le 21 février 2020 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP

Alors que Fabien Roussel a demandé à la France insoumise de "revoir" la candidature du jeune homme dans le Rhône, le journaliste s'est fendu d'un long message sur Twitter, confiant "avoir acquis la certitude qu'aux yeux de certains", il "n'a pas le droit d'exister politiquement".

Trois jours à peine après l'investiture des candidats de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale, l'heure est au blues pour Taha Bouhafs. Le journaliste engagé qui doit se présenter dans la 14ème circonscription du Rhône, pourrait lâcher l'éponge.

"J'aurais aimé tenir bon, j'aurais aimé vous rendre fier. (...) Continuez à vous battre. Pour ma part, j'ai essayé mais je n'y arrive plus", avance le jeune homme de 25 ans dans un communiqué publié sur son compte Twitter tôt ce mardi matin.

Les communistes veulent "revoir" sa candidature

La candidature de celui qui s'était déjà présenté en 2017 sous les couleurs de la France insoumise en Isère n'en finit plus d'en faire des remous. Fabien Roussel, le candidat communiste à la présidentielle, a demandé lundi au parti de Jean-Luc Mélenchon de "revoir" la candidature de Taha Bouhafs pour "créer les conditions de gagner" dans la circonscription qui compte notamment Saint-Priest et Vénissieux.

Le patron du PCF -lui aussi investi par la NUPES- lui reproche d'avoir été condamné pour injure publique en 2020, après avoir traité une syndicaliste policière "d'arabe de service". Le journaliste a depuis fait appel.

"La certitude qu'aux yeux de beaucoup, je n'ai pas le droit d'exister politiquement"

"Depuis plusieurs semaines, j'encaisse une tempête d'attaques sans précédent. Tous les jours, une nouvelle insulte, une nouvelle calomnie, une nouvelle menace, une nouvelle accusation. Je n'ai même pas eu l'autorisation de répondre, ne serait-ce que pour défendre ma dignité. Je crois bien avoir acquis la certitude qu'aux yeux de beaucoup, je n'ai pas le droit d'exister politiquement", analyse encore le journaliste sur son compte Twitter.

"Je ne baisserai pas les yeux, je rendrai chaque coup reçu au centuple" suivi de l'émoji "épées qui croisent le fer", postait-il pourtant quelques heures plus tôt sur son compte.

"Je trouve ça assez révélateur qu'un jeune homme de gauche radicale arabe qui ne mâche pas ses mots soit réduit à ça", expliquait-il d'ailleurs à BFMTV.com vendredi dernier, tout en reconnaissant son "écœurement et sa fatigue" autour de cette affaire.

"Essayez de ne pas faire capoter les législatives"

Taha Bouhafs fait peut-être également les frais de la situation politique dans le Rhône. Le parti communiste soutient sur place la maire actuelle, Michèle Picard. Cette dernière se considère comme la plus légitime pour incarner la gauche sur ce territoire et n'a pas hésité à qualifier la candidature du jeune homme de 25 ans de "parachutage". Du côté de l'intéressé, on ne goûte guère ces accusations.

"Après avoir fait perdre la gauche aux présidentielles, essayez de ne pas faire capoter les législatives aussi", avait-t-il notamment écrit dans un tweet supprimé depuis.

Le soutien de Philippe Poutou

Le candidat a reçu à cette occasion le soutien de la figure du NPA, Philippe Poutou. "Il y a des candidatures qui dérangent, et c’est aussi pour ça qu’elles doivent être soutenues!", a affirmé l'élu bordelais.

Taha Bouhafs voyait dans son éventuelle entrée à l'Assemblée nationale un "vrai bouleversement politique pour des millions de jeunes".

"Je n'ai pas le brevet, je n'ai pas le bac. J'ai fait de la manutention, des ménages. J'ai vécu des choses dans ma chair que pas grand-monde à l'Assemblée nationale ne comprend", nous expliquait-il encore en fin de semaine dernière, en rappelant "l'absence d'ouvriers, de personnes racisées et de personnes issues des banlieues", sur les bancs du Palais-Bourbon.

Marie-Pierre Bourgeois