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Commission des finances: Eric Coquerel sera le candidat de la Nupes à la présidence

Eric Coquerel (LFI)  lors d'une manifestation le 26 mai 2018 à Paris

Eric Coquerel (LFI) lors d'une manifestation le 26 mai 2018 à Paris - Zakaria ABDELKAFI © 2019 AFP

Les tractations s'accélèrent pour la stratégique présidence de la commission des Finances à l'Assemblée nationale. La coalition de gauche a finalement choisi un candidat commun mardi, l'insoumis Eric Coquerel, mettant en difficulté le candidat RN Jean-Philippe Tanguy, en quête d'alliés à droite.

Jeudi matin à huis clos et à bulletins secrets, les membres de la commission voteront pour l'attribution de cette fonction clé, dévolue à un député d'un groupe d'opposition.

La bataille est aussi âpre que le poste convoité. La commission des Finances, qui examine tous les projets de budget avant leur examen dans l'hémicycle, est l'une des plus puissantes et prestigieuses de l'Assemblée.

La coalition présidentielle ne prendra pas part au vote

La Première ministre Elisabeth Borne a promis la semaine dernière que la majorité "respecterait les traditions" et ne prendrait pas part au scrutin, laissant les oppositions s'organiser.

"On s'en lave les mains, on n'a pas à s'en mêler" et "pas sûr qu'il y ait de bonne solution", commente un député Renaissance (ex LaREM)

Numériquement, l'alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) paraît favorite avec son candidat commun.

"De la piraterie" pour le RN

Le choix d'Eric Coquerel a été officialisé mardi matin en intergroupe, alors que la socialiste Valérie Rabault, au profil plus consensuel, était intéressée par le poste. La Nupes doit annoncer d'autres candidatures communes à des postes clés en début d'après-midi.

Lors de la précédente législature, Eric Coquerel était déjà membre de la commission des Finances, qui compte quelque 70 députés.

Au RN, on crie aux "manoeuvres d'appareil et à la piraterie de la Nupes sur tous les postes de l'Assemblée nationale".

Le groupe d'extrême droite estime que le poste doit lui revenir grâce à ses 89 députés, contre quelque 75 Insoumis, une trentaine de socialistes, 23 écologistes et une vingtaine de communistes.

La "Nupes en rupture avec la pratique républicaine"

Selon le candidat RN Jean-Philippe Tanguy, la Nupes est "en rupture avec la pratique républicaine", en ne laissant pas la présidence de la commission au plus gros groupe d'opposition.

L'usage prévalait jusqu'ici sans figurer dans le règlement, stipulant simplement que le poste doit revenir à un élu d'un groupe d'opposition.

Ultime espoir pour le RN, tenter de rallier des suffrages chez LR, qui présente aussi un candidat, peut-être Véronique Louwagie (Orne).

Un échange a eu lieu entre Marine Le Pen et le chef de file des députés de droite Olivier Marleix, selon Jean-Philippe Tanguy, mais sans aboutir semble-t-il.

"LR est incapable d'avoir une position claire sur le sujet", peste ce dernier.

"Le choix cornélien" des LR

Le président du groupe LR Olivier Marleix a évoqué sur LCP "un choix un peu cornélien" entre Tanguy et Coquerel. "La Nupes aurait pu faire un choix sans doute un peu plus consensuel" avec Valérie Rabault, a-t-il estimé.

Diplômé de l'Essec et de Sciences Po, Jean-Philippe Tanguy tente de jouer la carte du sérieux afin de se distinguer de LFI.

Et certains Républicains n'y sont pas insensibles, même si le président LR du Sénat Gérard Larcher a déclaré mardi sur LCI ne pas souhaiter que des députés de son camp soutiennent le RN.

"Ce qui est important, c'est la bonne tenue de la commission des Finances", estime un député de droite auprès de l'AFP.

"Fake news" pour Coquerel

Car la droite et la majorité accusent déjà LFI de vouloir se servir de certaines prérogatives de la présidence de la commission, comme l'accès à des document couverts par le secret fiscal, à des fins politiques.

C'est du même acabit que toutes les 'fake news' qu'ils font circuler", rétorque Eric Coquerel. "On ne va pas se servir de ça comme d'une arme politique contre des personnalités. Par contre, oui, on veut mener une action forte sur les questions d'évasion fiscale".

Rallié à Emmanuel Macron, l'ex-LR et président sortant de la commission des Finances Eric Woerth ne jette pas l'anathème sur Eric Coquerel, qui "a été un commissaire tout à fait sérieux".

Mais avec LFI à la présidence, "on change de nature d'opposition", estime-t-il. "Je ne ferai pas de procès d'intention, mais évidemment on est en dehors des normes".

MPB avec AFP