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"Bon pour les Français", "pas d'alliance": la macronie se divise sur un accord avec le RN

Marine Le Pen et Emmanuel Macron le 21 juin 2022 après leur entretien au palais de l'Elysée à Paris

Marine Le Pen et Emmanuel Macron le 21 juin 2022 après leur entretien au palais de l'Elysée à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Confrontée à une situation inédite, la coalition présidentielle cherche la parade pour espérer sortir la tête de l'eau. Éric Woerth, Éric Dupond-Moretti et Céline Calvez ont évoqué l'option d'un rapprochement avec le parti de Marine Le Pen. Mais plusieurs ministres s'y opposent.

Trouver des solutions pour sortir de l'étau politique. Au sein de la macronie, toutes les hypothèses semblent sur la table après l'échec d'Emmanuel Macron aux législatives, y compris un rapprochement avec le Rassemblement national, entré en force à l'Assemblée avec 89 députés. Au gran dam de certains piliers de la majorité comme Olivier Véran ou Clément Beaune.

"Quand on a besoin d'avoir une majorité et si c'est bon pour les Français, on va aller chercher les voix du Rassemblement national", a lancé Céline Calvez, députée Renaissance (ex-LaREM) des Hauts-de-Seine mardi soir sur France 5.

"Avancer ensemble" pour Dupond-Moretti

Si les réactions ne se sont pas faites attendre du côté de la gauche, à l'instar d'Olivier Faure qui a évoqué "un naufrage" ou Fabien Roussel regrettant que "les digues tombent", elle n'est pas la seule à avoir cette position dans les rangs du parti présidentiel.

C'est Éric Dupond-Moretti qui a ouvert le bal dimanche soir, après l'annonce de résultats castastrophiques pour l'exécutif.

"Plutôt que de critiquer par exemple le bilan justice, on vous verra, et je le dis sans forfanterie, au pied du mur", a ainsi déclaré le garde des Sceaux en s'adressant au député européen RN Thierry Mariani, affirmant que "c'est au pied du mur qu'on voit le maçon".

"LR peut aussi s'entendre avec le RN", avance Woerth

"Parfois les amendements sont présentés par milliers pour bloquer le système, est-ce que c'est de ça dont veulent les Français? Moi je pense que non", a-t-il poursuivi, appelant à "avancer ensemble".

Éric Woerth, transfuge LR, a également fait entendre sa partition. Ancien président de la très puissante Commission des finances, il s'inquiète qu'elle soit dirigée par un membre de La France insoumise.

"Les Insoumis ont visiblement en tête de faire du contrôle fiscal. Ce que je n'ai pas entendu au Rassemblement national", fait-il valoir avant d'ajouter que "LR peut aussi s'entendre avec le RN" dans les colonnes du Figaro ce mardi soir.

"Pas de contrat de gouvernement avec le RN", promet Guérini

Ces propos ne sont guère goûtés par certains ténors de la majorité, à commencer par Stanislas Guerini.

"Nous n'avons pas vocation à faire une sorte de contrat de gouvernement avec le RN ou avec quiconque", a expliqué le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques sur RMC lundi matin.

"Il ne peut pas y avoir d’alliance (...) L'union nationale dans le sens où tout le monde travaille ensemble comme si il n'y avait plus aucun clivage politique dans un parlement, personnellement j'y crois peu", a également assuré le ministre délégué chargé de l'Europe sur Europe 1 ce matin.

Très loin des propos de Macron

Il faut dire que les appels du pied au RN font mauvais genre alors qu'Emmanuel Macron a eu des mots très durs à son encontre lors de la campagne des législatives.

Le 9 juin dernier, il avait fustigé depuis le Tarn "les extrêmes" qui "proposent d'ajouter de la crise à la crise en revenant sur les grands choix historiques de notre nation".

Olivier Véran a lui aussi fermé la porte à tout rapprochement avec le parti de Marine Le Pen.

"On ne se mettra pas en situation de dépendre des voix du RN", a jugé le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement ce mercredi matin sur BFMTV.

Le Pen veut voter "tout ce qui est dans l'intérêt des Français"

Mais Emmanuel Macron peut-il vraiment faire la fine bouche? Les LR qui pourraient jouer le rôle de force d'appoint ont déjà refusé "tout pacte", comme l'a expliqué Christian Jacob, le président du parti de droite, en sortant de l'Élysée ce mardi. Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, également consulté, n'a pas non plus fait de geste.

Fabien Roussel, le patron des communistes, a de son côté expliqué qu'Emmanuel Macron aurait évoqué la création d'un gouvernement d'union nationale. "Je lui ai dit que tout dépendait du projet", a expliqué l'ancien candidat à la présidentielle au micro de BFMTV.

Marine Le Pen, qui dit elle aussi avoir évoqué la question avec le président, a assuré "vouloir voter tout ce qui est dans l'intérêt des Français" pour son retour ce mercredi matin à l'Assemblée nationale.

Marie-Pierre Bourgeois