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Désaccords, départs à répétition: La France Insoumise au bord de l'implosion?

Jean-Luc Mélenchon (centre), Manon Aubry (à sa droite) et des cadres et militants LFI le soir des résultats des élections européennes.

Jean-Luc Mélenchon (centre), Manon Aubry (à sa droite) et des cadres et militants LFI le soir des résultats des élections européennes. - Geoffroy Van Der Hasselt - AFP

Désorganisation, manque de démocratie et ligne stratégique discutée... En interne, les critiques pleuvent sur La France Insoumise, et ont notamment conduit à plusieurs départs de figures du mouvement ces derniers mois.

Il y a deux ans, au début du quinquennat d'Emmanuel Macron, La France Insoumise entrait à l'Assemblée nationale et incarnait la force principale d'opposition face à la majorité présidentielle et au gouvernement. "Nous sommes l'alternative à votre monde", déclarait Jean-Luc Mélenchon à l'adresse de l'exécutif.

Mais les départs de cadres du parti ces derniers mois, les critiques internes s'accumulant et le coup de massue des élections européennes (6,3% des voix) ont fortement fragilisé cette force politique.

Plusieurs départs importants en quelques semaines

Dernier coup dur en date pour La France Insoumise: l'annonce du départ de l'ancienne porte-parole de la présidentielle de 2017, Charlotte Girard, ce samedi. Figure importante du parti d'extrême gauche, elle était notamment co-auteure du programme originel de LFI en 2016.

"La désorganisation que je ne suis pas seule à déplorer produit une telle perte d'énergie que c'en est désespérant. Or les voies pour y remédier demeurent opaques et difficiles à emprunter", écrit-elle dans une lettre publiée sur Facebook, annonçant son départ.

En avril, le politologue Thomas Guénolé - écarté de la liste LFI aux élections européennes - avait publié un texte explosif dénonçant une dérive autoritaire du parti, tenu par Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou, selon lui. Auparavant, François Cocq et Djordje Kuzmanovic, deux orateurs du mouvement et figures du parti, avaient fait sécession fin 2018. Le premier fut secrétaire général du Parti de gauche, le second longtemps conseiller de Jean-Luc Mélenchon sur les questions de Défense et d'international.

Sans oublier les départs, surprenants, de représentants LFI pour des mouvements... bien plus à droite. En mars, c'était Sylvie Heyvaerts, représentante du parti à Soissons, qui partait pour l'UPR de François Asselineau. Début mai, c'était la sortie très médiatique d'Andréa Kotarac, conseiller régional en Auvergne-Rhône-Alpes et proche de Jean-Luc Mélenchon depuis plus de 10 ans, pour le Rassemblement National. Il était "déçu" de la campagne de la France insoumise aux européennes, qui ne lui correspondait plus.

Des critiques éclatent en interne

Si des réfractaires s'en vont ou sont écartés, en interne, de fortes dissonances subsistent, notamment sur le fonctionnement du groupe. En janvier, Le Monde avait eu accès à une lettre dans laquelle des cadres LFI s'émouvaient "du sort politique" réservé à François Cocq, évincé du parti, "hors de tout cadre collectif". Charlotte Girard faisait d'ailleurs partie des signataires de cette note, comme de celle dévoilée jeudi dernier. Une nouvelle note interne de 42 cadres et militants de LFI, révélée ce 6 juin - encore par Le Monde - dénonçait le fonctionnement du parti où n'existe, selon eux, "aucune véritable instance de décision collective".

Au lendemain des élections européennes, c'était Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, qui n'avait pas hésité à remettre en question la route prise par LFI. Dans L'Obs, elle parle de "défaite cinglante", "d'échec". "L’état d’esprit polémique et clivant a sans doute pris le dessus sur la mise en avant de notre vision du monde et de nos propositions", déclare-t-elle.

"Ce qui est en cause, c’est la ligne politique de La France insoumise. La séquence des perquisitions a évidemment pesé", ajoute l'élue LFI, précisant toutefois que "ce n’est pas le seul paramètre."

"La République, c'est moi!"

Car au-delà des débats sur le fond concernant l'organisation interne et la ligne politique à adopter pour La France Insoumise, des séquences médiatisées ces derniers mois ont nuit à l'image de Jean-Luc Mélenchon, et du parti.

"La République, c'est moi! C'est moi qui suis parlementaire", avait crié Jean-Luc Mélenchon, dans une colère noire après les perquisitions de son domicile, et du siège de LFI en octobre 2018. Le leader politique avait alors dénoncé une "attaque sur la base d’éléments fantaisistes".

Mais ces vidéos, publiées par l'émission Quotidien (TMC), si elles ont pu galvaniser certains électeurs, ont également gravé l'image d'un élu politique colérique. Certains n'y ont vu qu'une "très grande violence à l'égard de fonctionnaires de police", comme le Premier ministre Édouard Philippe.

Salomé Vincendon