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Des "propos d'une extrême gravité": vif échange entre Le Pen et Attal sur la question des "troupes" en Ukraine

Marine Le Pen a dénoncé des "propos d'une extrême gravité" de la part d'Emmanuel Macron, qui a affirmé lundi que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n'était "pas exclu". En réponse, Gabriel Attal a assimilé le Rassemblement national aux "troupes de Vladimir Poutine".

Marine Le Pen a de nouveau interpellé le gouvernement au lendemain de déclarations d'Emmanuel Macron fustigées par les oppositions, car n'excluant pas l'hypothèse d'un envoi de troupes occidentales en Ukraine.

Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la cheffe des députés du Rassemblement national a souligné ce mardi 27 février que "le premier devoir d'un pays, c'est de ne disposer de la vie de ses soldats que pour défendre son indépendance ou pour préserver son intégrité, ou alors de les engager si dans le cadre d'une alliance, des obligations ont été contractées".

"Mais là, sur un terrain extérieur, il faudrait intervenir alors que nos intérêts vitaux ne sont pas engagés", a-t-elle poursuivi.

Marine Le Pen dénonce des "propos d'une extrême gravité"

À l'issue d'une conférence internationale de soutien à l'Ukraine à Paris, le chef de l'Etat a dit lundi qu'"il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol". "Mais en dynamique, rien ne doit être exclu", a-t-il ajouté, en assumant une "ambiguïté stratégique".

Ces propos ont été vivement critiqués par les oppositions, de LFI au RN, qui réclamaient un débat au Parlement, avant la publication d'un communiqué de l'Élysée allant dans ce sens. Plusieurs alliés européens de la France ont également rejeté l'idée de déployer des soldats en Ukraine.

"Quel est donc ce droit divin qui a fait de la France le soldat de toutes les justes causes dans le monde, alors que le seul empire mondial existant, les États-Unis, s'y refusent?", a demandé Marine Le Pen au Premier ministre, Gabriel Attal.

La députée RN a dénoncé des "propos d'une extrême gravité" de la part d'Emmanuel Macron, y voyant "une étape supplémentaire" franchie vers la "cobélligérance".

Attal affirme qu'il s'agit d'une "guerre contre des valeurs"

"On a failli y croire, quand on a commencé à vous entendre donner l'impression que vous dénonciez l'agression russe contre l'Ukraine alors même que vos députés européens ont systématiquement voté contre toutes les sanctions qui étaient proposées contre la Russie, contre les oligarques", a ironisé Gabriel Attal en lui répondant.

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Il a fustigé "une responsable politique qui refuse tout simplement de reconnaître qu'il y a une guerre initiée par un pays autoritaire, un pays où les opposants meurent dans des geôles, c'est la Russie".

Le Premier ministre a également affirmé que Marine Le Pen refuse "de voir que ce n'est pas seulement une guerre contre l'Ukraine qu'a engagée Vladimir Poutine". "C'est aussi une guerre contre des valeurs, des valeurs qu'il exècre, les valeurs de la démocratie, de la liberté", a-t-il estimé.

"Troupes de Vladimir Poutine"

Or, "si nous acceptons, si nous nous résignons, si nous détournons le regard, personne ne sait où la Russie s'arrêtera", a déclaré Gabriel Attal, jugeant que "le Kremlin mise sur la lassitude et sur l'usure".

"Vous m'interrogez sur l'hypothèse de la présence de soldats français ou européens sur le sol ukrainien. Mais je vais vous le dire Madame Le Pen (...) il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays. Je parle de vous et de vos troupes Madame Le Pen", a encore lancé le Premier ministe.

Il a aussi souligné que la Finlande et la Suède, historiquement neutres, ont choisi de rejoindre l'Otan après le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Une réponse qui n'a pas convaincu Marine Pen, qui a dit au micro de plusieurs médias se faire l'écho de "dizaines de millions" de Français "terriblement inquiets" face aux déclarations de Macron et dénoncé "l'outrage" de la réponse d'Attal.

Sophie Cazaux