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"Convaincant" mais pas trop: Fillon passé au crible par nos éditorialistes

Thierry Arnaud s'exprime au sujet de la conférence de presse donnée par François Fillon.

Thierry Arnaud s'exprime au sujet de la conférence de presse donnée par François Fillon. - Capture d'écran BFMTV

François Fillon s'est expliqué, ce lundi, au sujet des différentes affaires qui pèsent sur sa campagne présidentielle depuis près de deux semaines. L'occasion de tenter de reprendre le contrôle et de remobiliser un camp en plein doute. Un exercice qui n'a pas totalement convaincu nos observateurs.

Le moment était capital. François Fillon s'est expliqué pendant une heure dans son QG de campagne, face à la presse, ce lundi. Il a principalement détaillé le rôle de son épouse à ses côtés et justifié les salaires qu'elle a perçus en tant qu'assistante parlementaire. Mais l'enjeu était aussi plus directement politique: il lui fallait imprimer une nouvelle orientation à une campagne enlisée et remobiliser autour de sa personne un camp en proie aux doutes. Nos éditorialistes ont jugé l'exercice sur ces différentes plans.

Un exercice réussi

"On dit toujours que François Fillon déteste ce genre d’exercices. Je l’ai trouvé assez convaincant, assez droit dans ses bottes, répondant clairement", a estimé sur notre chaîne Laurent Neumann, qui a aussi mis l'accent sur la mécanique bien huilée à l'oeuvre derrière cette prise de parole:

"On a compris que son texte avait été minutieusement préparé. Chaque mot a été pesé, les vingt minutes préliminaires, on l’imagine, ont été lues et relues par les avocats et l’entourage. Parce que les mots, même sur le plan judiciaire, avaient un sens", juge notre éditorialiste.

Pour notre chroniqueuse politique Anna Cabana, le sous-texte de ce rendez-vous était entièrement adressé aux responsables de sa famille de pensée, la droite et le centre, dont il doit incarner les idées au premier tour de la présidentielle de 2017. "Il dit: 'Maintenant, je suis debout'. C’est un Fillon qui est dans l’offensive. Il considère même qu’il mène une contre-offensive. L’objectif, c’est de dire à son camp: 'C’est moi ou le chaos!'". Dans cette optique, les bonnes positions sondagières de Marine Le Pen sur sa droite, et d'Emmanuel Macron sur sa gauche, sont brandies comme des repoussoirs par le candidat devant les ténors de son clan et son électorat. 

Fédérer autour de lui

Cette dimension n'a pas échappé au chef du service politique de BFMTV, Thierry Arnaud, qui a remarqué que François Fillon essayait de ré-endosser le costume du patron de la campagne de la droite et du centre:

"Il nous dit aussi qu’en ce qui le concerne, grosso modo, l’épisode est clos, que c’est une nouvelle campagne qui commence. Il se présente d’ailleurs comme le patron de sa campagne: 'Je vais aller diriger une réunion. Je vais retourner auprès des Français sur le terrain.' Et il acte le fait qu’il n’y a pas de plan B. Et ça, c’est une réalité. On a bien senti qu’en fin de semaine dernière il y avait un petit doute dans son camp. Il se trouve que ce candidat alternatif n’a pas pu émerger. François Fillon prend acte de cet échec".

Des zones d'ombre...et beaucoup de retard

Cependant, Thierry Arnaud, qui était présent lors de cette conférence de presse, s'est fait le porte-parole des journalistes pour qui les zones d'ombre dans l'affaire Penelope Fillon restent trop nombreuses et les explications de François Fillon trop parcellaires: "On est un peu resté sur notre faim. Il y a beaucoup de questions qu’on aurait voulu poser et qu’on n’a pas pu poser. Cela a été en effet très court, trop court à mon goût".

Parmi celles-ci, figurent les sommes gagnées par la femme de l'ex-Premier ministre auprès de la Revue des deux mondes et le salaire des ses deux enfants que François Fillon a employés lorsqu'il était sénateur. 

L'éditorialiste de notre antenne, Ruth Elkrief, a aussi noté ces impasses mais, pour elle, l'essentiel est ailleurs: cette conférence était aussi incontournable que tardive. Et peut-être de manière rédhibitoire:

"Si cette conférence avait eu lieu le lendemain ou deux jours après les révélations du Canard enchaîné, on n’en serait pas là aujourd’hui. C’était un exercice de transparence, une exigence de transparence, qu’il aurait dû réaliser le plus vite possible. Ce sont quinze derniers jours terribles qui risquent d’avoir entaché fortement sa candidature".

R.V.