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Cartons rouges confisqués: que s'est-il passé avant la finale de la Coupe de France?

Plusieurs élus de gauche ont fustigé la confiscation de cartons rouges en amont de la finale de la Coupe de France ce samedi, jugeant l'exécutif responsable. Selon les informations de BFMTV, c'est la FFF qui a ordonné cette confiscation. Le règlement intérieur du stade interdit aussi les "emblèmes" politiques.

Que s'est-il passé samedi aux abords du Stade de France? La finale de la Coupe de France a opposé Toulouse à Nantes, mais aussi l'intersyndicale à la préfecture de police de Paris et certains supporters aux stadiers.

À l'origine des tensions entourant la rencontre, un arrêté pris vendredi par la préfecture de police de Paris afin d'interdire un rassemblement syndical aux abords du stade. L'intersyndicale avait demandé à se rassembler afin de distribuer des tracts contre la réforme des retraites.

Les syndicats avaient également prévu de distribuer des sifflets et des cartons rouges, incitant les supporters à souffler dans les premiers et brandir les seconds à la 49e minute du jeu, en référence au 49.3 utilisé par le gouvernement pour faire adopter sa réforme des retraites.

La préfecture de police avait affirmé dans un communiqué publié vendredi que l'"usage de sifflets pendant la rencontre ne manquerait pas de conduire à l'interruption du match" en raison de la "perturbation de l'arbitrage", entraînant un risque de "heurts dans les tribunes voire d'envahissement de la pelouse". Samedi, sur RMC, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a aussi justifié cet arrêté par des raisons de sécurité en lien avec le "flux de spectateurs énorme" avec 78.000 personnes attendues au stade.

Un arrêté suspendu par la justice

Mais cet arrêté a été suspendu samedi par le tribunal administratif de Paris, saisi par l'intersyndicale notamment. Dans sa décision, que BFMTV a pu consulter, le tribunal a estimé que le préfet de police n'avait pas démontré que "le rassemblement objet du litige présenterait un risque particulier au regard de la sécurité des spectateurs se rendant au match et des usagers de la voie publique".

Les syndicats sont donc "fondés à soutenir que le préfet de police a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester", a tranché le tribunal.

Les syndicats se sont donc bien rendus aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, et ont distribué des tracts rouges contre la réforme des retraites et des sifflets. Ces derniers avaient de fortes chances d'être confisqués puisque leur utilisation pendant le match est interdite par la FFF pour ne pas perturber la rencontre. Mais des stadiers ont également confisqué des cartons rouges aux supporters voulant entrer dans le stade.

Qui a pris cette décision?

Plusieurs élus de gauche se sont indignés de cette confiscation. Le député LFI Eric Coquerel s'est interrogé sur Twitter sur "la légalité" de cette décision et s'est demandé qui l'avait prise. "Ubu-président envoie ses préfets poursuivre casseroles et sifflets", a fustigé le député LFI François Ruffin sur Twitter.

"Plus que jamais, ils font pitié", a-t-il ajouté.

"Soit il a menti, soit il ne contrôle rien. Dans les deux cas, c’est grave", a aussi affirmé le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, face aux propos plus tôt dans la journée de Laurent Nuñez. Ce dernier avait affirmé qu'il n'empêcherait pas les gens de rentrer avec un carton rouge dans le stade.

Le député LFI Aurélien Saintoul a aussi jugé que malgré le "camouflet" infligé par la décision du tribunal administratif, "l'exécutif persiste dans l'abus de pouvoir avec la confiscation des cartons rouges et sifflets".

Qui a donc ordonné la confiscation de ces tracts? Selon les informations recueillies par BFMTV, les stadiers ont reçu comme consigne de la Fédération française de football de prendre les cartons rouges. Le règlement intérieur du stade précise aussi qu'il est interdit "d’introduire dans l’enceinte du Stade de France des emblèmes et/ou banderoles à caractères politique ou religieux". Des stadiers ont toutefois fini par laisser entrer des supporters avec des cartons rouges, a constaté un reporter de BFMTV sur place.

Finalement, à la 49e minute, peu de cartons rouges ont été brandis, et seuls quelques timides sifflets se sont fait entendre, rapidement couverts par les chants des supporters. "On est là pour les sportifs", a d'ailleurs affirmé à BFMTV un supporter toulousain avant le match, refusant de parler de politique.

Sophie Cazaux