BFMTV
Politique

Avec un 20H et un discours, opération reconquête pour Valls

Manuel Valls le 20 novembre dernier.

Manuel Valls le 20 novembre dernier. - Bertrand Guay - AFP

VIDEO - Invité d'un JT ce dimanche soir à 20 heures, avant un discours sur l'égalité mercredi, Manuel Valls se lance dans une opération reconquête à gauche. Objectif: rassembler les détracteurs de son propre camp, qui lui reprochent un grand nombre de sorties depuis la rentrée de septembre.

Après un Valls "qui fait du Valls", un Valls qui arrondit les angles? Dans une longue interview programmée ce dimanche soir sur France 2, puis un discours sur l'égalité mercredi, le Premier ministre devrait chercher un ton plus rassembleur pour sa majorité, après avoir irrité sur sa gauche.

"J'aime l'entreprise", "my government is pro-business", des appels à revoir l'assurance-chômage, puis dans L'Obs à rompre avec la "gauche passéiste", à créer une "maison commune" avec le centre, quitte si besoin à abandonner le nom de Parti socialiste... Depuis la rentrée et son remaniement de "clarification", Manuel Valls avait bousculé des lignes de la gauche traditionnelle. Objectif: incarner la "réforme", la modernité et l'action pour relancer un quinquennat enlisé dans l'impopularité et le scepticisme.

Accusé de vouloir enterrer son propre parti

Ces différentes sorties, assumées par l'intéressé, ont aussi prêté le flanc à la critique d'un chef de gouvernement apparaissant, selon ses détracteurs, comme prêt à enterrer son propre parti, soumis au patronat et à un programme libéral. Manuel Valls se reporte désormais sur des références à des valeurs plus classiques de la gauche, alors qu'un nouveau vrai test pour sa majorité se profile à l'Assemblée avec le projet de loi Macron sur la croissance. "Il va essayer de changer son image de diviseur, après son interview dans L'Obs qui a fait du mal dans le parti", prédit un ministre.

"Il faut donner du sens"

"Il faut donner du sens: si nous gouvernons, c'est pour réduire les inégalités", a ainsi dit Manuel Valls aux députés, avec qui il a pris un "apéro amical" à l'Assemblée mercredi. Les ministres ont d'ailleurs été chargés de plancher sur le sujet en vue de la prochaine réunion du gouvernement à Matignon à la fin de la semaine prochaine. 

Le Premier ministre a aussi mené cette semaine la charge contre les organisations patronales, Pierre Gattaz en tête, celui-là même devant lequel M. Valls fit sa déclaration d'amour à l'entreprise fin août. Ou encore défendu à l'Assemblée le "caractère citoyen" de l'impôt. Quant à la nouvelle "prime d'activité", qui remplacera en 2016 la prime pour l'emploi, elle sera concentrée sur un nombre plus réduit de bénéficiaires, plus modestes. 

Il profite également de ses nombreux déplacements régionaux pour prendre le pouls des élus locaux, alors que les élections cantonales en mars, le congrès du Parti socialiste en juin et les régionales en décembre seront en 2015 autant de haies pour un Valls qui jure vouloir aller jusqu'au bout du quinquennat.

Une attente d'explication et de compréhension

Ces initiatives rassembleuses ont parfois des résultats mitigés: l'"apéro amical" organisé par ses lieutenants, le député Carlos Da Silva et le sénateur Luc Carvounas, permettait certes de montrer le Premier ministre entouré d'une centaine de parlementaires, quand son cercle historique s'est longtemps surnommé la TPE (très petite entreprise). Mais les nombreux non invités socialistes, des frondeurs mais aussi des députés ayant voté tous les textes gouvernementaux, en ont pris ombrage.

Dimanche soir au 20H de France 2, pour une longue interview sur le plateau de Laurent Delahousse, la priorité devrait être donnée à la pédagogie de l'action du gouvernement, après une période médiatique dominée par la bataille à droite pour la présidence de l'UMP. "On a vu avec le succès d'audience du président du République qu'il y avait une attente d'explication, une attente de compréhension, donc Manuel Valls est dans ce mouvement-là", souligne-t-on à Matignon.

Peut-il profiter du retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP?

Le retour de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP permet aussi de raviver les différences avec la droite, dans ce qui sera déjà le sixième JT de Manuel Valls à Matignon. Après une parenthèse internationale avec un voyage en République tchèque lundi et mardi, le chef du gouvernement prononcera mercredi soir un discours annoncé comme "important" par ses proches, devant la Fondation Jean-Jaurès, un des laboratoires d'idées du PS.

"La lutte contre les inégalités, c'est un thème qu'il travaille et dont il parle depuis un certain temps déjà, même si ce n'est pas toujours le plus visible", souligne Matignon.

"Donc il va continuer, dans un discours où il va aller un peu plus loin, pour expliquer que toutes les réformes que l'on fait ont un sens: aller vers davantage d'égalité et lutter contre les inégalités", indique-t-on.
Jé. M. avec AFP