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Valls n'écarte pas l'idée de "changer le nom" du PS

Manuel Valls, le 11 octobre 2014.

Manuel Valls, le 11 octobre 2014. - Guillaume Souvant - AFP

"En finir avec la gauche passéiste" pour ne pas finir comme ses détracteurs qui lui apparaissent "dépassés". Tel est l'objectif que se fixe Manuel Valls dans une interview à l'Obs. Un entretien qui est aussi une réponse à ses détracteurs, au premier rang desquels, Martine Aubry.

C'est une interview qui promet de faire réagir nombre de personnalités de la gauche française. Le Premier ministre, Manuel Valls, appelle à "en finir avec la gauche passéiste", dans des extraits d'un entretien à l'Obs (ex-Nouvel Observateur) publiés mercredi.

Manuel Valls répond aussi directement à l'appel de Martine Aubry à "réorienter" la politique du gouvernement, qui serait, selon lui, "un retour en arrière".

>> Le Premier ministre, Manuel Valls, sera l'invité de BFMTV-RMC jeudi matin, à 8h35.

Une gauche "pragmatique" et "réformiste"

"Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses. La seule question qui vaille, c'est comment orienter la modernité pour accélérer l'émancipation des individus", déclare le chef du gouvernement dans cet entretien partiellement publié sur le site de l'Obs.

"Parce que l'idéologie a conduit à des désastres", le chef du gouvernement y défend une gauche "pragmatique, réformiste et républicaine", mais "qui garde un idéal: l'émancipation de chacun".

Quand on lui fait remarquer qu'il n'utilise pas le qualificatif "socialiste" pour définir cette gauche, Manuel Valls insiste: "Je le répète: pragmatique, réformiste et républicaine".

Changer le nom du parti? "Pourquoi pas"

Une gauche plus large que le seul Parti socialiste, donc. Car Manuel Valls propose également de "bâtir une maison commune" de "toutes les forces progressistes", sous la forme d'une fédération ou d'un parti commun, face à la "menace d'une droite dure et d'une extrême droite qui progresse".

Sur la question d'un changement de nom du parti, idée qu'il avait déjà portée en 2007 et en 2011 et qui avait suscité d'importants remous, l'actuel Premier ministre avance un "pourquoi pas". "Mais ce changement (de nom) ne peut être que l'aboutissement d'un processus", juge le chef du gouvernement, qui défend, dans cet entretien réalisé samedi, une gauche "pragmatique, réformiste et républicaine" sans inclure le qualificatif "socialiste".

"Depuis la refondation du PS au congrès d'Epinay de 1971, la gauche réinvente le monde dans l'opposition, puis elle gouverne de façon pragmatique, mais comme elle ne l'assume pas, elle perd les élections", critique Manuel Valls.

A Aubry: "Le débat est utile, mais il y a la responsabilité"

Alors que le Premier ministre reprend l'avertissement lancé cet été que "la gauche, oui, peut mourir" si "elle ne se réinvente pas", il répond à ceux qui l'accusent d'en être "l'assassin". "Quand la gauche se recroqueville sur le passé, sur les totems, elle cesse d'être fidèle à l'idéal du progrès et donc à elle-même", objecte Manuel Valls. 

Quant à ceux qui l'accusent de "trahir" la gauche: "Moi, j'évite l'insulte, la caricature, mais je pense, oui, qu'ils sont dépassés", réplique le Premier ministre. "La gauche qui renonce à réformer, qui choisit de défendre les solutions d'hier plutôt que de résoudre les problèmes d'aujourd'hui, cette gauche-là se trompe de combat. Ce que je reproche à la démarche de Jean-Luc Mélenchon, c'est son manque d'imagination. Aux autres, je demande si laisser filer les déficits et augmenter les impôts, c'est une nouveauté? Non. C'est ce qui a été fait systématiquement depuis 40 ans et cela n'a pas marché!" plaide-t-il.

Concernant Martine Aubry, elle "participe au débat d'idées. Je ne partage pas sa proposition consistant à revenir en arrière et donc à perdre tous les fruits de nos efforts et ce alors même que les choix que nous avons faits viennent de se mettre en place. Le débat, c'est utile, mais il y a aussi la responsabilité, l'unité et le devoir de cohésion", déclare Manuel Valls.

D. N. avec AFP