1er-Mai: quelle est la stratégie des black blocs?
Ils sont désormais la première préoccupation des policiers lors des manifestations, et reviennent régulièrement dans le discours des responsables politiques. Ce mercredi, entre 1000 et 1500 black blocs, dont une centaine venue d'Europe, sont attendus à Paris à l'occasion des manifestations du 1er-Mai. Si l'expression est devenue courante, son sens prête parfois à confusion. Elle désigne moins une idéologie, les black blocs étant traversés de plusieurs courants allant du communisme à des doctrines d'inspiration plus libertaire, comme le mouvement autonome, qu'une méthode.
Mobilité
Les black blocs, dépourvus de hiérarchie, se regroupent à l'avant des manifestations et misent sur la mobilité. Les violences et dégradations commises sont ciblées, comme l'expliquait il y a un an l'un de ces activistes à RMC: "Quand on s’en prend à des McDonald’s il faut voir qu’en 68 ou dans plein de manifestations il y a eu de la casse bien plus sévère. Nous, c’est le matériel, ce qui représente le capitalisme, qu’on exècre."
Mais c'est la mobilité, et la capacité de dispersion au sein de la foule qui forment les traits les plus distinctifs du mouvement. Le secrétaire national du syndicat Alliance Police nationale, Stanislas Gaudon, a expliqué auprès de nos caméras: "Ils commettent des exactions puis disparaissent tout aussi rapidement une fois qu’ils ont mis le feu aux poudres".
Exactions et colissimos
Place en première ligne, mobilité, détermination: autant d'éléments qui n'expliquent pas tout à fait leur faculté à perpétrer lesdites exactions. Car pour casser, encore faut-il disposer de matériel et passer les contrôles préventifs.
Une journaliste de L'Obs, Emmanuelle Anizon, qui a suivi des membres des black blocs a livré la solution de l'équation à notre antenne: "Ils cachent leurs affaires sur place plusieurs jours à l’avance, dans des parkings, des rez-de-chaussée d’immeuble. D’autres m’ont raconté qu’ils faisaient des colissimos, des relais-colis directement sur le lieu de la manifestation, avant de les récupérer le matin même."
Ils ont promis de venir mercredi plus nombreux encore que l'an passé, à la même date. Le 1er mai 2018, leur nombre avait été estimé à 1200 militants en lever de rideau du défilé syndical. Un McDonald's et un concessionnaire automobile en avaient fait les frais.