Qui est Rachid Kassim, le jihadiste qui pilote les terroristes depuis Telegram?

Mineur interpellé à Paris, commando de femmes, attaques de Magnanville et de Saint-Étienne-du-Rouvray: Rachid Kassim apparaît dans plusieurs affaires terroristes. Ce Français parti faire le jihad en zone irako-syrienne est un des piliers de la propagande de Daesh et distille ses instructions sur Telegram.

Un adolescent soupçonné de pouvoir "passer à l'acte" a été arrêté samedi à Paris. Une nouvelle affaire en lien avec le Français Rachid Kassim, dont le nom est bien connu des services antiterroristes. Le mineur était en effet en contact via Telegram, une messagerie internet sécurisée appréciée des terroristes pour sa confidentialité, avec lui.

Le jihadiste y apparaît sous le pseudo Ibn Qassim. Il est l'administrateur de plusieurs chaînes suivies par des centaines d'abonnés. L'homme publie des messages violents où il incite "les musulmans" à attaquer en France. Et diffuse également des listes de cibles potentielles et de scénarios d'attentats.

Il demande une salle de prière sur son lieu de travail

En 2009, l'homme originaire de Roanne, dans la Loire, est animateur social. Rappeur amateur, il enregistre un album dont l'un des titres s'intitule "Terroriste": "Je suis un terroriste", répète-t-il à plusieurs reprises dans la chanson. Mais jusqu'alors, Rachid Kassim n'a aucun antécédent judiciaire. Tout bascule en 2011, au retour d'un voyage en Algérie. Celui qui était chargé d'accompagner les enfants à la cantine se radicalise. Il ne sort plus, ne fume plus, se laisse pousser la barbe et demande une salle de prière sur son lieu de travail. 

"A l'époque, des frères se sont mobilisés dès qu'ils ont senti une dérive dans ses paroles. Ils l'ont emmené à des séminaires. Il a prétendu qu'il était repenti et avait compris ses erreurs", se souvenait un membre d'une association locale, interrogé par L'Express. 

Âgé de 29 ans et père de trois enfants, il quitte la France avec sa famille prétextant un déménagement en Égypte en 2012 avant d'arriver en zone irako-syrienne. 

Une influence dans l'attaque de Magnanville

Il réapparaît sur les réseaux sociaux en 2015. Selon les enquêteurs, il a téléguidé, de manière plus ou moins décisive, l'attaque de Magnanville, dans les Yvelines, où Larossi Abballa a tué un policier et sa compagne le 13 juin dernier.

"Abballa faisait partie de son groupe Telegram, et Kassim a eu une véritable influence dans cette affaire", a assuré une source proche de l'enquête.

L'homme a par ailleurs félicité l'auteur de l'attentat qui a fait 86 morts le 14 juillet sur la Promenade des Anglais à Nice dans une vidéo mettant en scène l'exécution de prisonniers syriens. "Telle est la rétribution du peuple criminel qu'est le peuple français", ajoutait-il, décapitant un otage de Daesh accusé d'espionnage.

Il est également lié à l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime, où Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean ont tué un prêtre le 26 juillet. Selon les enquêteurs, "c'est lui qui a mis en contact les deux tueurs et donné les consignes". Rachid Kassim aurait même repris la chaîne Telegram de l'un des deux jihadistes.

"Il y a trop peu d'hommes qui passent à l'action"

Le jihadiste a aussi été en contact via Telegram avec Inès Madani, l'une des protagonistes du commando de femmes qui a tenté de faire exploser une voiture remplie de bonbonnes de gaz en plein Paris et qui préparait une autre attaque jugée "imminente". Récemment, le jihadiste diffusait aussi cette incitation: "Remplir les véhicules de bouteille de gaz, les asperger d'essence, se garer dans des endroits fréquentés. Boum".

Rachid Kassim n'a pas manqué de commenter le passage à l'acte de ses dernières recrues, exhortant les hommes à faire de même, rapporte Le Monde. Sur une de ses chaînes Telegram, il écrit :

"Des femmes, des sœurs passent à l'attaque. Où sont les frères? (…) Elle a brandi une lame et elle a frappé un policier, comme des mères en Palestine. Où sont les hommes? (…) Il faut que vous compreniez que si ces femmes sont passées à l'action, c'est certainement parce qu'il y a trop peu d'hommes qui passent à l'action. (…) Pourquoi attendez-vous autant, au point que des femmes vous ont dépassés dans l'honneur."

C.H.A.