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Terrorisme

Magnanville: le meurtrier n'avait "pas d'ambition de négociation"

Le porte-parole de la Police nationale, Jérôme Bonet, est revenu sur l'assaut contre le meurtrier présumé d'un policier et de sa compagne à Magnanville.

Le porte-parole de la Police nationale, Jérôme Bonet, est revenu sur l'assaut contre le meurtrier présumé d'un policier et de sa compagne à Magnanville. - Capture BFMTV

Invité mardi sur BFMTV, le porte-parole de la police nationale est revenu sur l'assaut donné pour neutraliser le suspect du meurtre d'un policier et de sa compagne à Magnanville, lundi soir dans les Yvelines. Selon lui, le forcené n'avait pas l'intention de se rendre, mais de mourir.

Lundi soir à Magnanville, dans les Yvelines, c'est l'ensemble d'une profession qui a été touchée. Le porte-parole de la police nationale, Jérôme Bonet, a exprimé le choc ressenti après le meurtre d'un commandant de police et de sa compagne, agent administratif dans le commissariat de Mantes-la-Jolie.

"Une logique d'affrontement", "de quasi-suicide"

S'il a refusé de révéler les avancées de l'enquête sur le double meurtre, il est revenu sur l'assaut mené par le Raid contre le forcené retranché au domicile du couple. Les forces de l'ordre se sont retrouvées "face à un individu qui n'avait absolument pas d'ambition de négociation", précise le porte-parole.

"Le mal était fait, son message avait manifestement porté, ce qui était l'objectif." Le suspect n'avait pas l'intention de se rendre, selon les retours des policiers du Raid. "Il ne leur demande pas grand-chose, il est plutôt dans une logique d'opposition et d'affrontement, et finalement de quasi-suicide."

Face à cet individu, Jérôme Bonet précise que le temps nécessaire a été pris pour analyser le terrain. "Ils ont pris du temps parce qu'il était important pour eux de savoir quel était l'état de la situation, et de déterminer le moment le plus opportun pour savoir s'il fallait entrer", détaille le policier.

La police nationale en deuil

Alors que le suspect a été tué et que les investigations ont commencé, Jérôme Bonet souligne la difficulté pour les enquêteurs de se pencher sur une affaire qui les concerne de si près. "On doit se réfugier dans son professionnalisme et sa technicité, parce qu'on est face à des victimes qui sont des collègues, on est avant tout touchés", confie le fonctionnaire de police.

"La police nationale est en deuil", ajoute-t-il. "C'est hélas un deuil qui se répète depuis plusieurs mois, ce qui est assez lourd à porter. Et une des grandes différences avec ces événements, c'est que les policiers n'ont pas été frappés pour ce qu'ils font mais pour ce qu'ils sont".

Il fait peu de doutes en effet que le couple a été attaqué en raison de sa profession, ce qui confirme que les policiers sont une cible pour les terroristes depuis plusieurs mois.

"C'est la raison pour laquelle le directeur général de la police nationale avait accordé le fait de se munir de son arme en dehors des heures de service", rappelle Jérôme Bonet. "C'était bien le témoignage qu'il faut en permanence s'adapter à cette menace."

Des failles dans la surveillance?

Pour autant, le porte-parole refuse de parler de lacunes dans la surveillance du suspect du meurtre. "Il est bien tôt pour parler d'une faille, en tout cas rien ne révèle quoi que ce soit en ce sens à cette heure", soutient-il.

Jérôme Bonet reconnaît en revanche que la menace terroriste est aujourd'hui bien trop importante pour assurer une totale sécurité. "Le travail de fourmi qui est fait en termes de renseignement, en termes d'investigation pour déférer des personnes à la justice ne nous met jamais à l'abri et ne nous préserve pas du risque", insiste-t-il.

Pour ces raisons, selon lui, ses collègues "vont encore plus entrer dans une vigilance qui va au-delà du périmètre de la mission".

"Les policiers ont effectivement beaucoup de fronts, ils sont à affronter, à conduire. Ils sont sans doute fatigués, mais je les crois toujours déterminés. Je crois que les policiers ont deux types de carburant qui les animent. Ils ont à la fois leur farouche amour du travail, les policiers aiment leur métier, ils aiment leur mission. Et un autre carburant est le soutien que leur apporte la population."

Un soutien qu'a déjà exprimé la tête de l'État, notamment par les voix de François Hollande et de Manuel Valls. Place Beauvau, les drapeaux seront en berne pendant trois jours, et une minute de silence sera observée mercredi à midi dans tous les services du ministère de l'Intérieur.

Hélène Millard