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Terrorisme

Magnanville: qui était Larossi Abballa, le meurtrier des deux policiers?

Larossi Abballa faisait l'objet d'une surveillance de la sous-direction de l'antiterrorisme.

Larossi Abballa faisait l'objet d'une surveillance de la sous-direction de l'antiterrorisme. - Capture BFMTV

Connu pour des faits de petite délinquance, Larossi Abballa, le meurtrier présumé du couple de policiers à Magnanville, dans les Yvelines, avait été condamné en 2013 à 5 ans de prison pour son appartenance à une filière jihadiste entre la France et le Pakistan.

Une revendication au nom de Daesh et un passé judiciaire pour jihadisme. Larossi Abballa, le meurtrier présumé des deux policiers à Magnanville, dans les Yvelines, lundi soir, était dans le collimateur de l'antiterrorisme.

De petit délinquant, François Hollande l'a affirmé ce mardi matin, l'homme avait "voulu lui-même que son acte puisse être reconnu comme un acte terroriste". Daesh, à travers son organe de communication, a de son côté revendiqué le double meurtre.

Agé de 25 ans, Larossi Abballa était né à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, où il vivait toujours, semble-t-il chez ses parents, retournés au Maroc il y a quelques mois. Décrit comme un "mec ordinaire", le meurtrier présumé, abattu lors de l'assaut du RAID au domicile des deux policiers, fréquentait rarement la mosquée du Val-Fourré, s'habillait comme tous les jeunes de son âge et ne montrait aucun signe de radicalisation. 

Condamné à 3 ans de prison

Au vu de son parcours judiciaire et pénitentiaire, Larossi Abballa semble avoir pris le chemin d'un Mohamed Merah ou d'un Amedy Coulibaly, d'autres jeunes Français qui ont sombré dans le terrorisme. A 17 ans, il commet ses premiers délits. De la petite délinquance. En 2008, il est condamné pour conduite sans permis et refus d'obtempérer. En 2010, pour vol avec effraction et recel. Quelques mois plus tard, Larossi Abballa bascule.

Le 14 mai 2011, il est incarcéré, car soupçonné d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Larossi Abballa est suspecté d'appartenir à une filière jihadiste entre la France et le Pakistan. Sur place, il aurait notamment appris à égorger, en s'entraînant sur des lapins. Condamné en 2013 à trois ans de prison, il est libéré le 30 septembre 2013 après deux ans et demi de détention provisoire.

"A l'époque, à part ses mauvaises fréquentations et quelques joggings pour entretenir sa forme, il n'y avait pas grand-chose à lui reprocher au strict plan des poursuites pénales", affirme dans Le Figaro Marc Trévidic, le juge du pôle antiterroriste qui l'a mis en examen dans ce dossier.

Un rôle "d'exécutant" dans une filière jihadiste

Jugé aux côtés de sept autres prévenus, Larossi Abballa est considéré comme un suiveur, un individu qui gravite autour de la mouvance jihadiste plus qu'il n'y participe. "C'était un garçon sans grande envergure, d'une intelligence moyenne qui, par ailleurs, à l'audience, semblait avoir pris conscience de la raison pour laquelle il s'était engagé dans ce groupe qui était à caractère très sectaire", confirme Me Hervé Dubois, l'avocat d'un autre prévenu dans ce dossier.

"On sentait quelqu'un en recherche, quelqu'un qui avait besoin de donner un sens à sa vie (...) Il y avait un type assez charismatique qui avait recruté plusieurs personnes, dont Larossi Abballa, qui faisait office un peu d'homme à tout faire. Il n'avait pas un rôle prépondérant, plus d'exécutant", poursuit l'avocat.

Ces différents délits le conduisent dans différentes prison. Il va d'abord séjourner à l'établissement pénitentiaire d'Osny, dans le Val-d'Oise, du Mans, de Chalon mais aussi dans la prison de la Santé à Paris. Lors de son passage à Osny, Larossi Abballa est signalé en 2012 par le service de renseignement intérieur pour radicalisation.

Gérant de fast-food

A sa libération en 2013, il fait l'objet d'une surveillance par la sous-direction antiterroriste (Sdat). Pourtant, le jeune homme semble filer droit. Il retourne dans son quartier d'origine, au Val-Fourré. Sur place, il crée en 2015 une entreprise de fast-food. Des produits qu'il vante pour leur qualité et qu'il livre notamment la nuit. Un business dont il fait la publicité sur sa page Facebook, là-même où une vidéo montrant les victimes et dans laquelle il parle de son allégeance à Daesh, a été publiée.

Au lendemain du double meurtre, ce mardi matin, les policiers ont procédé à une perquisition de son domicile, où aucune arme ni explosif n'ont été découverts. Récemment, selon nos informations, Larossi Abballa avait fait l'objet d'écoutes téléphoniques dans le cadre d'une enquête sur le départ d'un homme, avec sa femme, vers la Syrie. Une couple que connaissait Abballa. Pour autant, les écoutes n'ont rien donné: aucun projet d'attentat n'a été mentionné.

J.C.