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Terrorisme

Le réseau terroriste franco-belge voulait frapper avant l'Euro 2016

DOCUMENT - Dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris en novembre et à Bruxelles en mars, BFMTV a eu l'accès à l'intégralité de l'un des messages audio enregistrés par un terroristes et envoyé à ses complices en Syrie. Ce document permet d'en savoir un peu plus sur les cibles et projets d'attentats du réseau.

16 minutes et 8 secondes d'enregistrement audio retrouvé dans l'ordinateur portable de l'un des frères El Bakraoui. BFMTV a pu écouter l'intégralité de ce document qui révèle l'un des canaux de communication des membres du réseau franco-belge à l'origine des attentats de novembre dernier à Paris et de mars à Bruxelles. Comment fonctionnait les échanges et que dévoilent-ils sur des projets d'attentats?

Déposés sur un cloud

Les enquêteurs pensent que la voix de l'homme qu'on entend parler est probablement celle de Najim Laachraoui, explique Cécile Ollivier, journaliste police-justice de BFMTV. Celui qui sera le deuxième kamikaze de l'aéroport de Zaventem en Belgique s'adresse à des complices à Racca. Les terroristes du réseau ont utilisé ce moyen pour communiquer avec leur donneur d'ordre en Syrie. Les messages vocaux enregistrés étaient déposés sur un cloud, à savoir un serveur externe. Le destinataire prenait connaissance des informations puis répondait par le même canal. 

Najim Laachraoui, qu'on soupçonne d'être l'artificier de la cellule, demande des conseils pour fabriquer des explosifs, s'interroge sur les dosages, les proportions. En 10 jours, dit-il, il a réussi à fabriquer 100 kg de TATP. Mais surtout, il parle des plans des terroristes: il faut, dit-il, se focaliser sur la France: "Il faut éviter de taper la Belgique, comme ça, ça reste une base de repli".

Tester une méthode en Syrie

Autre obsession du futur kamikaze, qui parle au nom de toute la cellule franco-belge: faire annuler l'Euro 2016 en France qui aura lieu en juin. "Ce sera la honte pour, c'est une grosse perte financière et ça leur servira de leçon". A l'écoute de cette conversation, on comprend qu'ils voulaient frapper avant la compétition, programmée le 10 juin 2016. Mais il ne s'agit pas d'indications précises mais plutôt des pistes à explorer qu'il suggère à la personne à qui il s'adresse. 

Et Najim Laachraoui avance des idées: déposer des explosifs sous des rails sans qu'on sache s'il parle de métro ou de train. Il demande même à son interlocuteur d'aller tester cette méthode sur une ligne ferroviaire désaffectée en Syrie, en périphérie de Racca. On sait qu'il est parti faire le jihad et cette requête montre qu'il a une certaine connaissance des lieux, souligne Cécile Ollivier.

Un appel à témoin

Il n'y a aucun élément sur la réponse du mystérieux interlocuteur, qui semble être un donneur d'ordres qui tire les ficelles depuis la Syrie. Najim Laachraoui le désigne comme l'émir et lui parle en français en l'assurant que tout va bien se passer. Mais les choses ne vont pas se dérouler exactement comme escomptées.

"Il faut se rappeler que la veille de l'attentat de Bruxelles l'identité de Najim Laachraoui avait été révélée par un mandat d'arrêt public, un appel à témoin de la police belge. C'est probablement cette révélation qui va déclencher les attentats le lendemain matin", rappelle Nicolas Hénin, consultant jihadisme BFMTV. Si le réseau est très affaibli après cette dernière action, les commanditaires n'ont toujours pas été identifiés.

E. M. avec Cécile Ollivier et Annabelle Vilmont.