BFMTV
Terrorisme

Le "jour d'après": la sécurité des Français au coeur des préoccupations

Des militaires sous la Tour Eiffel, le 8 janvier. 10.000 militaires vont être déployés sur les lieux sensibles, en France.

Des militaires sous la Tour Eiffel, le 8 janvier. 10.000 militaires vont être déployés sur les lieux sensibles, en France. - Bertrand Guay - AFP

Alors que 3,7 millions de Français ont défilé contre le terrorisme dimanche, le gouvernement s'est attelé  à un double défi ce lundi: renforcer la sécurité et préserver l'unité nationale.

Au lendemain d'une mobilisation historique dans les rues de France pour dire "non" au terrorisme, l'heure était à la mise en place de mesures sécuritaires supplémentaires, ce lundi. Le gouvernement s'est donc attelé à un double défi: renforcer la sécurité tout en préservant l'union nationale affichée le 11 janvier, au cours de la marche républicaine.

> Deux cérémonies d'hommages prévues

Le consensus émotionnel autour des 17 victimes des attentats devrait se prolonger par plusieurs cérémonies prévues cette semaine.

Mardi, à 11 heures, le président de la République François Hollande présidera un hommage solennel aux trois policiers tués, à la préfecture de police de Paris. Des forces de l'ordre remerciées par la foule tout au long de la marche républicaine.

Une séance spéciale aura lieu mardi à l'Assemblée pour un hommage qui remplacera les souvent batailleuses questions au gouvernement. Le Premier ministre pourrait à cette occasion dévoiler de nouvelles mesures. Enfin, un hommage à l'ensemble des victimes des attentats sera rendu vendredi, aux Invalides.

> Les écoles juives sous protection

La marche, qui a rassemblé 3,7 millions de Français, a constitué une "réponse inouïe, extraordinaire" aux attentats de la semaine dernière qui ont fait 17 morts, a salué le Premier ministre Manuel Valls, tandis que l'exécutif multiplie les premières annonces de mesures de protection, visant notamment à renforcer la protection de la communauté juive.

Ainsi, les 717 écoles et lieux de culte juifs en France ont été protégés, dès ce lundi, par 4.700 policiers et gendarmes, et des soldats seront envoyés en renfort dans les 48 heures, a annoncé Bernard Cazeneuve, qui a été, comme le duo Hollande-Valls, en première ligne dans la crise.

Le ministre de l'Intérieur a fait ces annonces devant l'école juive Yaguel Yaacov de Montrouge (Hauts-de-Seine). C'est près de cet établissement qu'a été tuée une jeune policière jeudi, attaque revendiquée par le jihadiste Amédy Coulibaly, auteur ensuite de la prise d'otages sanglante à l'Hyper Cacher. Bernard Cazeneuve a également annoncé la nomination d'une préfet pour coordonner la sécurité des sites de la communauté juive.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, après avoir défilé dimanche à trois mètres du Palestinien Mahmoud Abbas, s'est par ailleurs recueilli sur les lieux de la prise d'otages du supermarché casher.

> 10.000 militaires déployés sur les points sensibles

Ardente obligation pour le gouvernement: éviter de nouvelles tragédies comme celles qui ont coûté la vie à 12 personnes mercredi à Charlie Hebdo, une policière le lendemain à Montrouge et 4 clients juifs d'une épicerie casher vendredi porte de Vincennes.

Au sortir d'une "réunion ministérielle sur la sécurité intérieure" à l'Elysée, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé la mobilisation de 10.000 militaires pour "assurer la sécurité des points sensibles".

> Vers de nouvelles mesures?

Autres mesures: Manuel Valls veut "améliorer" le système des écoutes administratives et judiciaires et souhaite généraliser l'isolement en prison des islamistes radicaux, soupçonnés de prosélytisme. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a préconisé lundi des mesures d'interdiction de territoire de Français de retour de jihad en Syrie ou encore l'"encellulement individuel" des jihadistes. Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, l'un des deux frères auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, étaient passés par la prison avant leurs attaques mortelles.

Le premier, a dit Manuel Valls sur BFMTV et RMC, avait "sans doute un complice", la traque "se poursuit", a-t-il ajouté. Quelque 1.400 jihadistes français ou résidents en France sont "concernés" par des départs pour combattre en Syrie et en Irak et 70 y sont morts, a-t-il précisé.

- 'L'esprit du 11 janvier'

Dans les prises de parole politique ce lundi affleurait le désir de préserver l'unité qui a fait du 11 janvier un jour historique. Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a proposé de rencontrer "l'ensemble des partis républicains" sur les questions de sécurité, plaidant également pour améliorer la "protection des valeurs de la République". 

Le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, s'est prononcé "pour la mise en commun des forces" de l'Assemblée et du Sénat dans le cadre d'une "mission" qui "tire tous les enseignements sur ces attentats". Il doit en discuter avec son homologue UMP Christian Jacob qui a demandé la création d'une commission d'enquête. 

Nicolas Sarkozy, qui a estimé que François Hollande "a fait ce qu'il devait faire", a précisément souhaité sur RTL un travail de "lucidité", de "retour d'expérience" mené en commun par le gouvernement et l'opposition.

> Charlie Hebdo traduit en 16 langues mercredi

Le numéro de Charlie Hebdo qui paraîtra mercredi, une semaine après l'attentat meurtrier contre l'hebdomadaire satirique, sera tiré à trois millions d'exemplaires et distribué en France et à l'international. Il sera "traduit en 16 langues", a précisé l'urgentiste-chroniqueur Patrick Pelloux.

L'avocat du journal, Me Richard Malka, a pour sa part laissé entendre que ce numéro comprendrait des dessins de Mahomet, comme d'autres numéros du journal, et continuerait à se moquer de toutes les religions, pour "ne rien céder".

A.S. avec AFP