BFMTV
Terrorisme

Kalachnikovs, cave et pizzas… Les dernières heures de la traque de Salah Abdeslam

Le procès de Salah Abdeslam s’ouvre lundi à Bruxelles. Dernier membre vivant du commando du 13-Novembre, il a été arrêté le 18 mars 2016, après deux mois de cavale.

D’homme le plus recherché d’Europe à détenu le plus surveillé de France. Salah Abdeslam est jugé à partir de lundi à Bruxelles avec son complice, Sofiane Ayari, pour "tentative d’assassinat sur plusieurs policiers", "ports d’armes prohibés", le tout "dans un contexte terroriste". Le dernier membre vivant du commando des attentats du 13-Novembre fait face à la justice pour la fusillade qui a précipité son arrestation, après quatre mois de cavale.

Nous sommes le 15 mars 2016, il est 14h15. Quand ils arrivent sur la commune de Forest, en banlieue de Bruxelles, les forces de l’ordre belges, appuyées par des policiers français, s’attendent à une perquisition de routine. Les six policiers enquêtent sur les attentats qui ont ensanglanté la capitale française quatre mois plus tôt et fouillent ce qu’ils soupçonnent être d’anciennes planques. Celle du 60 rue Dries est selon eux vide: les compteurs du logement sont coupés depuis deux mois.

Dans cet immeuble de deux étages, une famille qui occupe le rez-de-chaussée les prévient: "une personne âgées vit au deuxième" et "plusieurs jeunes au premier". Les policiers tapent à la porte du premier étage. Sans réponse, il la force à coups de bélier. Ils découvrent une pièce presque vide, seulement garnie d’une armoire, et de trois matelas. Mais un homme surgit dans l’embrasure d’une porte et fait feu avec une kalachnikov.

Trois policiers blessés

L’homme qui a fait feu a les cheveux ras et une barbe épaisse. Touché par les tirs, il s’est replié dans une 2e pièce. Trois policiers, qui ont fini par se repliés, sont blessés: l’un à la hanche, un autre à la main, et le troisième, une française, à la tête et au pied. Il sera abattu à 18h15 par un tireur d’élite des forces spéciales, qui l’a vu apparaître dans l’encablure d’une fenêtre. Il s’appelle Mohamed Belkaïd, c’est un Algérien de 35 ans, soupçonné d’être en lien avec les assaillants du 13 novembre.

Dans le logement, onze chargeurs de kalachnikovs et deux détonateurs. Mais surtout, des empreintes: celles de Salah Abdeslam. Le témoignage d’un habitant qui a vu deux hommes prendre la fuite par les toits pendant la fusillade ne laisse plus de place au doute: la police vient de rater d’un rien le dernier membre vivant du commando qui a perpétré les attaques du 13-Novembre à Paris. Mais il est à Bruxelles et il commet une erreur: un coup de fil le jour-même à un cousin, Abid Aberkane. Abdeslam a besoin d’une planque pour lui et son complice.

Pizzas et soda dans une cave de Molenbeek

Alors que Bruxelles est en alerte maximale, les deux fuyards vont trouver refuge à Molenbeek. Le cousin cache Abdeslam et Ayari d’abord dans sa voiture, puis dans la cave du domicile de sa mère, à deux pas du logement des parents d’Abdeslam. C’est Abid Aberkane qui les ravitaille avec des sandwichs, des pizzas et du soda, alors qu’ils dorment sur un vieux tapis à même le carrelage, parlant à voix basse. Le 17 mars, le cousin assiste même à l’enterrement à Bruxelles de Brahim Abdeslam, l’un des jihadistes du 13-Novembre, le frère de Salah.

Le lendemain, la police localise la planque. Le quartier est bouclé. La rue des Quatre-Vents, à Molenbeek, est envahie par des forces spéciales suréquipées. Ils encerclent l’entrée et lance "Sortez les mains en l’air!"? Un homme jaillit soudent: sweat blanc, casquette blanche, pantalon noir. Il tente de prendre la fuite mais s’effondre sur le trottoir, touché par les tirs des policiers. Le deuxième fuyard, en survêtement gris, blessé à la jambe, est resté dans le bâtiment. C’est Sofiane Ayari. L’homme en blanc, toujours à terre, c’est Salah Abdeslam. La traque est terminée.

A.M. avec AFP