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Terrorisme

Le frère de Salah Abdeslam dit tenter de le faire parler en prison

Mohamed Abdeslam, en novembre 2015.

Mohamed Abdeslam, en novembre 2015. - AFP

Dans un entretien accordé à un quotidien belge, Mohamed Abdeslam parle des visites auprès de son frère qu'il effectue depuis six mois à la prison de Fleury-Mérogis. Il espère que le seul membre des commandos du 13-Novembre va enfin répondre aux questions de la justice.

Son image de lui allumant une bougie à la fenêtre de son logement de Molenbeek, en Belgique, en hommage aux victimes du 13-Novembre. Mohamed Abdeslam, frère de Brahim, mort dans les attaques, et de Salah, emprisonné à Fleury-Mérogis, se confie ce jeudi au lendemain de l'annonce du report du procès de son second frère dans l'affaire de la fusillade de Forest, qui devait débuter lundi. Une décision motivée par la demande de l'avocat de Salah Abdeslam qui vient d'être choisi pour assurer sa défense. 

"Salah n’en voulait pas. Nous l’avons convaincu afin qu’il puisse bénéficier d’un procès équitable. Il a pris sa décision il y a 48 heures", raconte, au quotidien belge, La Dernière Heure, Mohamed Abdeslam qui indique que son frère souhaitait que son avocat soit Sven Mary, son premier avocat au moment de son interpellation en mars 2016. 

Le mener vers la "rédemption"

Mohamed Abdeslam est revenu sur l'état d'esprit de son frère Salah depuis son arrestation le 18 mars 2016 et son transfèrement en France le mois suivant. Sous vidéosurveillance 24h/24, Salah Abdeslam est soumis à des conditions d'emprisonnement inédites. Ces conditions ont été quelque peu allégées il y a quelques mois en raison de l'état psychologique du détenu. Ainsi, les visites de sa famille se déroulent autour d'une table et non plus derrière une vitre. "Il a ainsi pu serrer notre maman dans les bras et lui demander pardon", raconte son frère aîné, sans pour autant excuser ses crimes.

Juste après son arrestation, Salah Abdeslam parlait aux enquêteurs. Il a alors changé d'attitude en arrivant en France, exerçant son droit au silence. "Grâce à ces visites, je tente d’instaurer petit à petit une relation de confiance avec lui, pour qu’il s’exprime enfin", détaille Mohamed Abdeslam qui espère mener son frère vers "la rédemption". Une condition pour continuer à venir le voir, prévient-il. "C’est un véritable travail et je veille vraiment à ne pas le brusquer", poursuit le jeune homme. A cette visite s’ajoute un coup de fil hebdomadaire.

Pour Mohamed Abdeslam, les conditions de détention de son frère ne le pousseront pas à s'exprimer. "Il vivra sans doute ainsi tout le restant de ses jours. Il est très jeune. Mais il ne se suicidera pas. La religion est tout ce qui compte pour lui", précise-t-il. Une religion qui serait sa seule échappatoire. "Que mon frère parle et apporte enfin des réponses aux victimes ou qu’on lui impose une telle surveillance, en le privant totalement d’intimité, sous prétexte que le système judiciaire continuera le travail avec ou sans lui. On en fait une bête sauvage. On le radicalise plus qu’autre chose", regrette alors son frère aîné.

J.C.