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Terrorisme

Jihad: Ali, "endoctriné sur Internet", voulait attaquer la Tour Eiffel

Militaires français patrouillant devant la Tour Eiffel, à Paris, le 16 avril 2013.

Militaires français patrouillant devant la Tour Eiffel, à Paris, le 16 avril 2013. - -

Ce jeune père de famille algérien planifiait avec un haut responsable d'Aqmi des cibles sur le sol français. Son profil correspond à celui du "loup solitaire" visé par un projet de loi antiterroriste présenté ce mercredi.

Ali M. a 29 ans. Il est marié et père de deux enfants. Algérien, il est arrivé en France il y a cinq ans, selon Le Parisien (lien payant) qui relate ce mercredi son histoire. Avant son arrestation il y a un an, il travaillait pour une boucherie halal dans le Vaucluse.

Mais Ali M. correspondait aussi sur Internet avec un haut responsable d'Aqmi, Al Qaïda au Maghreb islamique, qui le priait de trouver des cibles françaises pour le "jihad". Des cibles se trouvaient être, rien de moins, que le Louvre, la Tour Eiffel ou encore le festival d'Avignon. Selon le quotidien d'Île-de-France, c'est ce que les enquêteurs ont récemment découvert par le décryptage de leurs conversations codées.

Le jeune homme a donc été arrêté avant de se rendre en Algérie pour s'entraîner dans un maquis, le 1er août 2013. Il a été placé en détention provisoire dans le cadre d'une information judiciaire pour "association de malfaiteurs" et est depuis incarcéré.

"Il pratiquait un islam modéré"

Ali M. n'a pas toujours été un extrémiste. C'est ce qu'affirme son avocate, jointe ce mercredi par BFMTV.com. Pour Me Daphné Pugliesi, il a été "un homme normal". "Il travaillait dur, se levait à cinq heures du matin. Sa famille pratiquait un islam modéré", indique l'avocate. "Par exemple, il ne portait pas la barbe."

"Avant", c'est-à-dire avant de fréquenter des sites islamistes, celui où il a fait la connaissance de "Redoine18", ce responsable d'Aqmi avec qui il échafaudait de potentielles cibles en France.

Que s'est-il passé? Pour Me Pugliesi, Ali M. a été victime d'un endoctrinement, qu'elle compare à celui mis en oeuvre "dans les sectes". Selon l'avocate, le jeune homme avait une "faiblesse psychologique" exploitée par les recruteurs d'Aqmi. "C'est un processus long, qui s'est fait sur des années. Petit à petit, on lui a pris sa personnalité. Dans les sectes, on demande aux adeptes une faveur sexuelle ou pécuniaire. Là, on demande aux endoctrinés d'agir pour une cause."

La Tour Eiffel et le Louvre visés

Sur un site islamiste bien connu, Ali M. était ainsi devenu Abu Naji, indique Le Parisien. A "Redoine18", son mentor, il faisait la liste de cibles possibles sur le sol français. Entre autres, des monuments historiques comme "la tour Eiffel et le musée du Louvre" ou encore des "manifestations culturelles qui ont lieu dans des villes du Sud de la France au cours desquelles des milliers de chrétiens se rassemblent pendant un mois".

Aujourd'hui, assure son avocate, Ali "se rend compte de ce qu'il a fait, parce qu'il n'est plus sous la coupe de ces gens-là". Mais si la police ne l'avait pas interpellé avant qu'il ne se rende en Algérie, qui sait de quoi il aurait été capable? "De manière générale, les gens qui partent reviennent pour passer à l'acte. De ces centres d'entraînement, où on leur apprend à manier les armes, ils ressortent chamboulés", souligne Me Pugliesi.

Un projet de loi visant les "loups solitaires"

Afin de prévenir l'apparition de ces "loups solitaires", le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a présenté ce mercredi en Conseil des ministres un projet de loi "anti-jihad". Sur le volet répressif, le texte prévoit une incrimination ciblant "l'entreprise individuelle à caractère terroriste", qui viendra compléter "l'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

Le projet de loi comporte également un volet préventif. Pour pallier le recrutement par Internet, il renforce l'obligation faite aux opérateurs de retirer promptement tous les contenus faisant l'apologie du terrorisme. Il prévoit aussi la création d'une interdiction administrative de sortie du territoire français, afin d'empêcher certains ressortissants d'aller se radicaliser en Syrie et en Irak, terres de prédilection des candidats au jihad.

Mathilde Tournier