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Terrorisme

Cop21: des militants écologistes dénoncent les abus de l'état d'urgence

De nombreuses manifestations prévues en marge de la Cop21 ont été annulées à cause de l'état d'urgence qui prévoit une interdiction de manifester. Mais des militants écologistes dénoncent les excès de ces mesures et considèrent que le gouvernement tente de faire taire des voix contestataires.

Devant les grilles du château de Versailles, 400 opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont installé samedi un grand banquet. Ces "zadistes", devaient initialement organiser ce rassemblement à Paris, mais l'interdiction de manifester en vertu de l'état d'urgence les a contraints à s'arrêter aux portes de Paris.

La grande marche pour le climat annulée

L'interdiction de manifester a de fait conduit à l'annulation de plusieurs manifestations, par mesure de sécurité. C'est le notamment la grande Marche pour le climat qui devait avoir lieu ce dimanche à Paris. Les militants écologistes dénoncent l'application stricte de l'état d'urgence. Samedi, la coalition Climat 21, qui regroupe 130 organisations a protesté contre les "abus manifestes" liés à l'état d'urgence.

"Nous, organisations de la société civile, (...) sommes convaincues que nous ne parviendrons pas à endiguer le réchauffement climatique en renonçant à nos libertés et à nos droits fondamentaux", écrit dans un communiqué la Coalition qui fédère syndicats et ONG, dont Greenpeace, la Fondation Nicolas-Hulot et le WWF.

Certains militants, qui ont proposé des "formes alternatives" de mobilisation comme des chaînes humaines, "ont été convoqués au poste de police", d'après la coalition qui déplore aussi que l'Université Paris 7 "ait été fermée aux étudiants souhaitant organiser des rencontres autour du climat".

L'état d'urgence "utilisé comme prétexte"

Cette semaine, un collectif a également lancé un appel à braver l'état d'urgence dans Libération et créé une pétition pour appeler à manifester malgré l'interdit. Ce groupe composé d'économistes, écrivains ou chercheurs accusaient le gouvernement de profiter de l'état d'urgence. Un sentiment partagé par Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France. "On s'y prend de la pire des manières, explique-t-il sur BFMTV reconnaissant toutefois que "la situation sécuritaire est sérieuse". "On a le sentiment qu'il y a deux poids deux mesures. Pourquoi annuler une marche à la rochelle et maintenir le marathon. A Paris, la grande marche a été annulée mais le marché de noël est autorisé", relève Jean-François Julliard.

Il dénonce par ailleurs les 24 assignations à résidence de militants écologistes. "On est assez choqué par ces assignations, explique-t-il. On a l'impression qu'on confond l'enjeu sécuritaire et l'enjeu politique. On comprend bien que la situation a changé. Mais on a le sentiment qu'il y a quand même une volonté de faire taire un certain nombre de critiques et qu'on utilise l'état d'urgence comme prétexte."

François Hollande a tenu à rassurer les associations samedi. Le chef de l'Etat a reçu à l'Elysée 14 représentants d'ONG. Selon la présidence, "il a salué l'esprit de responsabilité des ONG, dans le contexte des mesures de sécurité renforcées prises à la suite des attentats du 13 novembre, et a confirmé sa volonté que les multiples évènements prévus pendant la COP21 puissent bien se tenir, dans les meilleures conditions".

Carole Blanchard avec AFP