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Terrorisme

Attentats du 13-Novembre: comment les bars et restaurants attaqués se sont reconstruits

Le soir du 13 novembre 2015, six terrasses de cafés et restaurants, situés dans les 10e et 11e arrondissements de Paris, ont été pris pour cible par des terroriste. Six ans après, clients et professionnels tournent lentement la page.

C’est une nuit qu’aucun Parisien n’a oublié. Le vendredi 13 novembre 2015, un commando de terroristes a semé la terreur dans la capitale: explosions au stade France, attaque de la salle de concert du Bataclan, et fusillades sur plusieurs terrasses parisiennes. Ces attentats, les plus meurtriers jamais perpétrés sur le territoire français, ont fait 131 morts et 413 blessés.

Au total, ce soir-là, six cafés et restaurants des 10e et 11e arrondissements, dont les clients étaient attablés en terrasse, ont été la cible des terroristes faisant 39 morts et des dizaines de blessés. Depuis, si certains ont rouvert leurs portes très vite - à l'image du bar "La Bonne Bière" rouvert dès le mois de décembre 2015 - une longue reconstruction a débuté pour vivre avec ce traumatisme.

Un difficile retour pour les clients habitués

Le 13 novembre 2015, Pascal était présent dans un bar à proximité du "Petit Cambodge". Très marqué par ce qu’il s’est passé, il a mis du temps avant de remettre les pieds dans le quartier. "J'ai mis quand même une année", confie l'homme à BFM Paris. "Ça fait toujours bizarre parce qu'on y pense un peu" mais il assure qu'il faut "qu'on continue à vivre".

"Au petit Cambodge", l’intégralité du personnel a souhaité rouvrir l’établissement, seulement quatre mois après les attentats. Une réouverture quasi à l’identique, avec un hommage aux 13 personnes qui ont perdu la vie au coin de la rue Bichat et la rue Alibert.

"Sur un des murs, il y a des carreaux (noirs) qui ont été remplacés par des petits carreaux blancs. Ça a été notre façon à nous de montrer qu'on se souvenait, de laisser dans les murs une trace, une mémoire, sans pour autant être trop oppressant", explique Simon Octobre, directeur général de l'établissement.

Juste à côté, le bar "Le Carillon" conserve lui des stigmates de cette soirée. Sur la devanture, des traces de brûlures sont encore visibles.

"Continuer de faire vivre" les lieux

Plus loin, à "La Belle Equipe", les gérants ont choisi d'inscrire sur les murs les noms des victimes. Le restaurant a, lui, rouvert avec une nouvelle salle et une nouvelle équipe, mais toujours avec le même patron. "Il a gardé le lieu, il a gardé le nom et il a fait des travaux et je crois que c'est encore plus beau qu'avant, résume Ariel Weil, maire de Paris centre et habitué des lieux. Sans jamais oublier qu'il s'est passé."

Au "Comptoir Voltaire" aussi, la décoration a bien changé. Le lieu, qui s’appelle désormais "Les Ogres", est un restaurant spécialisé dans la viande. Le nouveau gérant a voulu panser les plaies du quartier en reprenant les locaux il y a à peu près deux ans.

"Il faut continuer de le faire vivre"

Il a profité du Covid-19 et des confinements successifs pour rénover en deux mois les lieux sans faire table rase du passé. Romain Rajaonson, le responsable de l'établissement "a voulu passer à autre chose" et ne "pas rester sur quelque chose de négatif" tout en "essayer d'avancer". Une façon de tourner la page sans oublier.

La pizzeria "La Casa Nostra", mitraillée par les terroristes, elle, n’existe plus. Le propriétaire a quitté les lieux un an après les attentats. Le propriétaire des murs a quant à lui, rénover et remis en norme les locaux. Aujourd’hui, il attend un repreneur.

Mais qu'importe les lieux et les changements, anciens et nouveaux clients rencontrés l'affirment: ils n’ont pas peur de venir s’asseoir dans ces bars attaqués. "C'est une forme de thérapie", explique une cliente. "Ça ne sert à rien d'avoir peur de venir à un endroit parce qu'il y a eu une catastrophe, justement il faut continuer de le faire vivre", conclut une autre.

Patrick Urban, Jean-Baptiste Graziani et Alicia Foricher