BFMTV
Terrorisme

Attentat contre Charlie Hebdo: qui est Chérif Kouachi?

Chérif Kouachi, l'un des deux suspects de la fusillade de Charlie Hebdo.

Chérif Kouachi, l'un des deux suspects de la fusillade de Charlie Hebdo. - Anne Gelbart AFP ; Police Nationale ; montage BFMTV

Il est l'un des deux suspects  recherchés après l'attaque meurtrière de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, perpétrée mercredi. Agé de 32 ans et déjà connu des services de police, Chérif Kachoui avait été condamné à 3 ans de prison en 2008.

Beaucoup d'observateurs le considèrent comme le meneur de l'attaque. Chérif Kouachi, recherché avec son frère Saïd dans l'enquête sur l'attentat à Charlie Hebdo, survenu mercredi matin, est un jihadiste bien connu des services antiterroristes français. Il avait en effet été condamné une première fois en 2008, à trois ans de prison.

> Lié à une filière de recrutement jihadiste dans les années 2000

Né en novembre 1982 dans le 10e arrondissement de Paris, de nationalité française, et surnommé "Abou Issen", Chérif Kouachi a fait partie de ce qui a été appelé la "filière des Buttes-Chaumont", qui visait, sous l'autorité de "l'émir" Farid Benyettou, à envoyer des jihadistes rejoindre en Irak les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda, dirigée à l'époque par Abou Moussab al Zarkaoui. Interpellé juste avant de s'envoler à destination de la Syrie, puis de l'Irak, il est jugé en 2008 et condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

"L'image que j'ai gardée de Chérif Kouachi ne correspond pas à quelqu'un capable de commettre les actes d'hier", explique au micro de BFMTV Vincent Ollivier, l'ancien avocat du suspect. "J'ai été désigné en 2005 pour assurer la défense de M. Kouachi, je l'ai rencontré à la sortie de sa garde à vue, et il m'a tout de suite dit qu'il avait été 'soulagé' d'être arrêté, qu'il était 'pétrifié de peur' à l'idée de partir en Syrie, et que pour lui c'était un soulagement d'être placé en garde à vue". L'avocat estime qu'"il n'avait aucun projet professionnel ou personnel à l'époque, et (...) pense qu'il a été embrigadé dans un schéma qui le dépassait largement".

Deux ans plus tard, le nom de Chérif Kouachi est cité dans le projet de tentative de faire évader de prison l'islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir commis l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en octobre 1995 à Paris, qui avait fait 30 blessés. Mis en examen dans cette affaire, Chérif Kouachi bénéficie d'un non-lieu.

> Radicalisé en prison?

Ce passé fait de Chérif le "leader judiciaire" des deux frères, bien qu'il soit le plus jeune. Il est celui qui possède un casier judiciaire de délinquant, quand son frère ainé, Saïd, n'avait encore jamais fait parler de lui.

Crâne rasé et ovale, bouc clairsemé sur la photographie diffusée par la police, Chérif Kouachi était, avant de basculer dans l'islam radical, un fan de rap, comme le montre une vidéo datant de l'été 2004 diffusée en 2005 dans l'émission Pièces à conviction de France 3.

C'est à Fleury-Mérogis, où il est incarcéré de novembre 2005 à octobre 2006, que Chérif Kouachi fait la connaissance de Djamal Beghal, une figure de l'islam radical français qui purge une peine de dix ans pour la préparation d'attentats. Dès lors, Chérif Kouachi aurait été, selon une source proche du dossier, "sous l'influence" de Beghal et se fait remarquer par "une pratique très rigoriste de l'islam".

"J'ai noté un changement au cours de la détention, mais je n'ai pas noté une évolution vers un fanatisme religieux", indique Vincent Ollivier. "J'ai simplement constaté qu'il était moins juvénile et moins ouvert en sortir de détention qu'au début, mais la prison produit souvent ce genre d'effet. En revanche, lorsqu'il a comparu à son procès en 2008, il ne tenait absolument aucun discours fondamentaliste, bien au contraire. Il a répété devant la juridiction ce qu'il m'avait dit au jour de sa mise en examen, à savoir que tout cela était du passé et qu'il était soulagé qu'on l'ait sorti de ce guêpier".

> "Pas un prosélyte fou"

Les frères, comme une soeur et un autre frère, ont eu une enfance bouleversée par la mort de leurs parents, des immigrés algériens. Né à Paris, Chérif Kouachi passe son enfance en foyer, avant de vivre de petits boulots. "Il était comme un certain nombre de jeunes: il avait un travail alimentaire qui lui permettait de financer une existence qui n'était pas des plus intéressantes", se souvient Vincent Ollivier. 

"A la sortie de sa détention provisoire, il a trouvé un emploi, s'est marié, et lorsqu'il est arrivé à l'audience en 2008, il paraissait être dans un processus de resocialisation tout à fait engagé", ajoute l'avocat.

Aujourd'hui domicilié à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, où il réside avec sa compagne depuis quelques années, Chérif Kouachi est décrit comme "un garçon correct qui a une certaine classe", selon l'un de ses voisins, "Ce n'est pas le prosélyte fou", raconte-t-il. "Moi ça m'étonne, je suis abasourdie comme tout le monde", renchérit une voisine. Chérif Kouachi et son frère Saïd sont aujourd'hui les deux hommes les plus recherchés de France.

Adrienne Sigel, avec AFP