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Syndicats, black blocs, gilets jaunes: à quoi s'attendre pour le 1er-Mai?

Des manifestants gilets jaunes à Toulouse, le 27 avril 2019

Des manifestants gilets jaunes à Toulouse, le 27 avril 2019 - Frédéric Scheiber - AFP

Alors que les black blocs auront pour but de faire de Paris la "capitale de l'émeute", les gilets jaunes chercheront à revivifier leur mouvement et les syndicats à éviter les débordements.

Il s'agira d'une fête du travail à très haut risque. Une journée du 1er-Mai où tout peut converger vers le chaos généralisé à Paris. Pour les forces de l'ordre et pour le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, cette manifestation sera une véritable épreuve. 

Comme l'explique RTL, depuis l'arrivée du nouveau préfet de police Didier Lallement, des dispositifs ont été mis en place afin de muscler la réponse face aux casseurs, qui risquent d'être nombreux mercredi. Pour le successeur de Michel Delpuech, c'est le baptême du feu.

Il y a un an déjà, les dégradations dans la capitale et les scènes de violences avaient marqué les esprits. Cette année, la crise des gilets jaunes et les multiplications de scènes d'émeutes un peu partout en France depuis plus de cinq mois ont changé la donne, voire l'ont aggravée. Petit tour d'horizon des forces qui seront présentes ce 1er mai 2019 aux tons rouge, noir et jaune. 

Des syndicats en terrain miné

L'événement étant avant tout la "fête du Travail", il s'agit traditionnellement d'un rendez-vous capital pour les organisations syndicales. La CGT, FO, la FSU, Solidaires, l'Unef et l'UNL ont appelé à défiler. Leur mot d'ordre: "amplifier les batailles pour que les urgences sociales et climatiques soient enfin prises en compte par le gouvernement et le patronat". 

À Paris, leur cortège partira de la gare Montparnasse à 14h30 pour se rendre à la place d'Italie, en passant par les boulevards de Port-Royal, Saint-Marcel et de l'Hôpital. 

Pour certains leaders syndicaux, l'enjeu est absolument capital. En particulier pour Philippe Martinez, le numéro un de la CGT qui remet actuellement en jeu son mandat à la tête de la centrale de Montreuil - même s'il n'a aucun concurrent déclaré. Entre les 12 et 17 mai, la CGT tiendra à Dijon son 52e congrès, quelques mois après avoir cédé sa place de premier syndicat de France à la réformiste CFDT, qui ne se mobilisera d'ailleurs pas mercredi. Ce congrès sera l'occasion pour les tenants d'une ligne plus dure vis-à-vis d'Emmanuel Macron de faire entendre leur voix, comme le raconte L'Opinion

Par crainte des violences, certains adhérents ou sympathisants cégétistes pourraient renoncer à défiler, dégrossissant ainsi singulièrement les troupes du leader syndical. Et ce alors que celui-ci est confronté à une baisse d'effectifs quasi constante depuis des années. Côté Force ouvrière, le nouveau secrétaire général, Yves Veyrier, a choisi Marseille pour son premier "1er-Mai" à la tête du syndicat. Une solution qui lui permettra, potentiellement, d'éviter les débordements parisiens.

Des black blocs très motivés

Ces débordements seront principalement le fait des black blocs, déterminés à réitérer leur "coup" de l'année dernière. À l'époque, des affrontements avaient éclaté près de la gare d'Austerlitz entre les forces de l'ordre et plus d'un millier de ces militants ultra-violents. Prenant pour cible un restaurant McDonald's, les casseurs s'étaient servis de cocktails Molotov. Cette année, les black blocs ont baptisé Paris "capitale de l'émeute". 

Cette année, entre 1000 et 1500 black blocs sont attendus à Paris, dont une centaine venue d'Europe, a appris BFMTV de sources concordantes. Fidèles à leurs méthodes d'infiltration, ils devraient suivre le parcours choisi par les forces syndicales. Celui-ci frôlera au moins deux lieux associés de près à l'image d'Emmanuel Macron. D'abord la Rotonde, restaurant où le candidat d'En Marche! avait célébré sa qualification (en tête) au second tour de l'élection présidentielle. Une sorte d'équivalent du Fouquet's pour Nicolas Sarkozy, du moins au plan de la symbolique. 

Viendra ensuite la place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement, où l'ex-garde du corps du chef de l'État, Alexandre Benalla, avait brutalement interpellé un couple de manifestants le 1er mai 2018. Un geste qui fait partie des déclencheurs de la crise sociale et politique actuelle, et dont black blocs et gilets jaunes entendent célébrer le "premier anniversaire". 

Des gilets jaunes en quête de relance

Cette complicité de plus en plus avérée entre ces deux forces - les "ultra-jaunes" en étant la forme aboutie - complique d'ailleurs la tâche des forces de l'ordre. Pour leur 24e samedi de mobilisation, le 27 avril, les gilets jaunes ont accusé une mobilisation en berne, avec 23.600 manifestants sur l'ensemble du territoire, dont 2600 à Paris. 

Il y a eu une "baisse d'intérêt pour l'acte XXIV au profit du 1er-Mai", affirme une source policière auprès de l'AFP. La journée de mercredi, qualifiée sur les réseaux sociaux de "journée de l'apocalypse", sera le "véritable test", selon une autre source policière. 

Sur Facebook, certains groupes appellent les gilets jaunes à prendre la tête des cortèges syndicaux pour une fête du Travail "déterminée et pleine de sagesse". En revanche, l’événement "2 millions de personnes sur les Champs-Élysées le 1er mai", auquel 12.000 internautes se disent "intéressés" et 2600 comptent "participer", ne mentionne pas un quelconque ralliement aux syndicats. À Toulouse, des gilets jaunes se sont donnés rendez-vous au même point de départ que le cortège organisé par la CGT, FSU et Solidaires 31. Dans les Côtes-d'Armor, comme l'annonce Ouest-France, une "ambiance familiale et festive" et opérations escargot sont au programme. À chaque lieu son ambiance. 

Certaines figures du mouvement craignent le déchaînement de violences, mais estiment que les mesures annoncées par Emmanuel Macron jeudi n'ont clairement pas suffi à apaiser les tensions. "Le discours de Macron était vide de tout contenu, il se fiche de nous", s'insurge auprès du Figaro Faouzi Lellouche, gilet jaune historique et proche de Priscillia Ludosky. Résultat, une 25e journée de mobilisation nationale à l'issue incertaine, où toutes les parties prenantes risquent de prendre des coups.

Jules Pecnard