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Police-Justice

"Suicidez-vous": "C’est comme si on leur nouait le nœud pour se pendre", condamne la veuve d'un policier

Veuve d'un policier qui s'est suicidé il y a deux ans, Laura déplore les slogans scandés lors du 23e samedi de mobilisation des gilets jaunes. Elle en appelle au respect de la profession et de ceux qui l’exercent.

Le slogan "suicidez-vous" scandé lors du 23e samedi de mobilisation des gilets jaunes continue de hanter les esprits des forces de l’ordre et de leurs proches.

"Ces personnes qui disent ‘suicidez-vous’ aux fonctionnaires de police, c’est comme si elles leur nouaient le nœud pour se pendre ou qu’elles appuyaient sur la gâchette de leur arme de service", condamne Laura, veuve d’un policier qui a mis fin à ses jours il y a deux ans.

"Il n’y croyait plus"

Au micro de BFMTV, elle raconte l'histoire de son mari qui rêvait de revêtir l’uniforme depuis l’enfance. "Il aimait son métier plus que tout, c’était une vocation. Il était fils de flic et il en était fier", se souvient-elle. Mais après 15 années de service, "il n’y croyait plus". "J’ai du mal à croire en ce pourquoi je me suis engagé", avait-il prononcé peu de temps avant son passage à l’acte.

Laura continue de suivre le quotidien de ces hommes et de ces femmes confrontés à la violence. Face au déferlement de haine anti-policier, elle en appelle au respect de la profession et de ceux qui l’exercent.

"Ce sont eux qui prennent les premiers coups, les premières insultes. Je pense qu’ils sont extrêmement courageux et on ne peut que leur apporter notre soutien et non pas les pousser à commettre l’irréparable".

28 suicides en 4 mois

En seulement 4 mois, 28 policiers se sont suicidés contre 35 sur toute l’année 2018. "Un policier se tue tous les 4 jours", a alerté le syndicat Alternative police début avril. Pour lutter contre ce qu’ils qualifient d’ "hécatombe", les syndicats des forces de l’ordre ont organisé le 19 avril un grand rassemblement devant les commissariats de France. Avec la volonté d'endiguer ce fléau qui touche tous les secteurs de la police, ils ont réclamé des mesures concrètes au gouvernement.

"On veut un plan d’urgence. Le ministre a annoncé quelques pistes de travail et nous allons y être très attentifs car les policiers souffrent sur le terrain et dans leur commissariat. Il faut endiguer ce phénomène infernal", avait alors prévenu Olivier Hourcau, secrétaire général adjoint d’Alliance, au micro de BFMTV.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a déjà fait quelques propositions: il souhaite notamment mettre en place un numéro de téléphone accessible 24 heures sur 24. Il a également promis l’accélération de la mise en œuvre d’un plan anti-suicide, lancé par son prédécesseur. Malgré les promesses, les forces de l'ordre restent sceptiques.

Ambre Lepoivre