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Police-Justice

"Suicidez-vous": une enquête complexe pour tenter d'identifier les auteurs du slogan

Les slogans "Suicidez-vous!" lancés à des policiers ont rythmé la fin de la manifestation des gilets jaunes, samedi sur la place de la République, à Paris. Une enquête pour outrage a été ouverte et les policiers tentent désormais d'identifier les auteurs.

Le 23e samedi de manifestation des gilets jaunes, mobilisés depuis cinq mois en France, a été marqué par de nouvelles violences à Paris, notamment envers les forces de l’ordre. Le slogan "suicidez-vous" a rythmé l’avancée du cortège parisien en entraîné l'ouverture d'une enquête pour "outrage à personne dépositaire de l’autorité publique commis en réunion". Mais une interrogation se dessine: comment retrouver ceux qui ont scandé ces cris de haine?

Me Laurent-Franck Lienard, avocat à la cour de Paris engagé dans la défense des policiers a peu d’espoir concernant l’identification des auteurs de ce délit.

"L’outrage c’est un flagrant délit en principe. Là, il faut dérouler une enquête qui va essayer de déterminer qui sont les auteurs de ces injures. Ça va être très compliqué", présage-t-il ce lundi au micro de BFMTV.

Vidéo surveillance et auditions

A leur service, les enquêteurs disposent d’images de la scène filmée par les caméras de surveillance de la place de la République ainsi que de vidéos amateurs. Ils vont pouvoir décortiquer ces séquences image par image afin d’identifier ceux qui ont scandé "suicidez-vous" aux policiers qui encadraient la manifestation. Et deux éléments devraient faciliter ce travail: d’abord, la scène se passe de jour et ensuite, parmi les personnes qui ont prononcé ces slogans, plusieurs étaient à visage découvert.

Pour ceux qui avaient le visage dissimulé, les enquêteurs ont pour habitude - notamment pour retrouver les casseurs - de suivre leur parcours sur les caméras de surveillance jusqu’à ce qu’ils retirent leur cagoule pour enfin pouvoir les identifier. Ce même procédé pourrait être utilisé pour cette enquête. Les policiers vont également se baser sur toute une série d’auditions des membres des forces de l’ordre qui ont été pris à partie ainsi que des témoins qui ont assisté à la scène.

2 ans de prison et 30.000 euros d’amende

"On espère qu’ils vont être retrouvés", commente ce lundi soir sur le plateau de BFMTV Pierre Erhel, porte-parole de la Mobilisation des policiers en colère (MPC). "Quand on a vécu le suicide d’un collègue proche et qu’on entend ces propos, ça fait mal", se désole-t-il. L’officier de police espère surtout une sanction pénale une fois les auteurs identifiés.

L’"outrage à personne dépositaire de l’autorité publique commis en réunion" est un délit qui couvre toute parole, geste ou menace lancée à l’encontre d’une personne chargée d’assurer le service public lors de son exercice. Quand cet acte vise les forces de l’ordre et qu’il est commis de surcroît en réunion, l’outrage est passible de 2 ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Rym Bey avec Ambre Lepoivre