BFMTV
Police-Justice

Suicide d'un médecin à Georges-Pompidou: une enquête ouverte pour harcèlement moral

Un cardiologue de 54 ans s'est défenestré le 17 décembre dernier sur son lieu de travail, l'hôpital Georges-Pompidou. Certains de ses collègues avaient alerté la direction concernant des actes de maltraitance de la part de ses supérieurs.

Une enquête préliminaire pour "harcèlement moral" a été ouverte par le parquet de Paris après le suicide d'un médecin à l'hôpital Georges-Pompidou sur son lieu de travail il y a deux semaines. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne de la PJ parisienne, a précisé une source judiciaire.

Ce médecin, un cardiologue de 54 ans, s'était défenestré le 17 décembre en fin d'après-midi, à l'hôpital européen Georges-Pompidou, situé dans le XVe arrondissement à Paris. C'est sa veuve qui a porté plainte pour connaître les raisons de cette mort qu'elle juge "suspecte". Cette dernière a été entendue par les enquêteurs mardi, indique une source proche de l'enquête.

Des collègues du cardiologue ont également été interrogés, annonce Le Parisien. Certains d'entre eux avaient alerté la directrice de l'hôpital, Anne Costa, et le patron de l'AP-HP, Martin Hirsch, de "risques suicidaires" engendrés, selon eux, par du "harcèlement moral". Le cardiologue revenait notamment d'un arrêt maladie de neuf mois.

"Objectivement maltraité"

Dans une lettre rendue publique, un chef de service de psychiatrie, le Pr Bernard Granger, avait interpellé le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch. Pour ce membre de la Commission médicale d'établissement (CME), "la complexité d'un acte suicidaire sur le lieu de travail" ne doit pas être "un prétexte pour occulter la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité".

Le Pr Granger faisait notamment état d'un mail envoyé par un confrère du cardiologue il y a plus d'un an et resté sans réponse. Affirmant que la maltraitance venait "de ses pairs et de l'administration", il ajoutait: "Ces médecins et vos subordonnés auront des comptes à rendre. Vous aussi sans doute."

"Le devoir du directeur général est de protéger ses personnels, et sauf à vous rendre complice de cette maltraitance, il vous appartient de prendre les décisions qui s'imposent pour préserver ceux qui se plaignent d'en être victimes", poursuivait-il, évoquant des "luttes claniques" au sein de l'hôpital Pompidou.

Interrogée par l'AFP, la direction de l'AP-HP n'avait pas souhaité réagir à ce courrier.

J.C. avec AFP