BFMTV
Police-Justice

Série noire en Île-de-France: trois adolescents tués en moins d'une semaine

Véhicule de police (illustration)

Véhicule de police (illustration) - Philippe HUGUEN © 2019 AFP

Deux sont morts dans le cadre de rixes entre bandes rivales. Le troisième a été tué par balle vendredi.

Semaine noire en Île-de-France. Trois adolescents âgés de 15 ans et moins sont morts en l'espace de quelques jours. Deux sont morts dans le cadre de rixes entre bandes rivales dans l'Essonne, et le troisième a été tué par balle vendredi à Bondy, en Seine-Saint-Denis.

Les deux premiers meurtres se sont déroulés dans l'Essonne. Outre le département, ils ont pour point commun le cadre de rivalités entre groupes de jeunes. Les deux homicides sont apparemment sans lien, selon le parquet d'Évry.

La première victime était une jeune collégienne de 14 ans prénommée Lilibelle. Elle a reçu un coup de couteau lundi à Saint-Chéron. Six mineurs ont été mis en examen après le meurtre de l'adolescente, et l'un, qui a admis avoir porté le coup mortel, a été placé en détention provisoire.

Selon la procureure d'Évry Caroline Nisand, la rivalité entre des mineurs de Dourdan et de Saint-Chéron date de l'été écoulé, "sur fond de messages, d'insultes et de provocations sur les réseaux sociaux".

Un adolescent tué par balle à Bondy

La deuxième victime était également âgée de 14 ans. Il s'agit d'un jeune homme, poignardé à Boussy-Saint-Antoine. Un deuxième adolescent, âgé de 13 ans, a été blessé à la gorge. Mercredi, son pronostic vital n'était plus engagé.

Cette deuxième rixe impliquait des jeunes majoritairement originaires du quartier des Cinéastes à Épinay-sous-Sénart et du quartier du Vieillet à Quincy-sous-Sénart, en rivalité "depuis des années". Sept jeunes mineurs ont été mis en examen.

Une autre rixe a éclaté jeudi dans l'Essonne. Un blessé à l'arme blanche a été recensé, mais l'affrontement n'a pas causé de mort. Les violences ont éclaté sur le parvis d'un lycée avant de se déporter devant un hôpital d'Évry situé non loin. Selon une source policière, cette rixe opposait deux groupes de jeunes de deux quartiers de la préfecture de l'Essonne.

Dans un contexte différent, un troisième adolescent a trouvé la mort vendredi en Île-de-France. L'homicide a eu lieu à Bondy aux alentours de 17 heures, alors que le garçon de 15 ans se trouvait dans une maison de quartier. Il a été tué par balle par un individu, venu à scooter avec un deuxième, qui se trouvait dans la rue. Les deux hommes ont pris la fuite après le meurtre.

Ce samedi matin, deux personnes âgées de 19 et 27 ans se sont présentées spontanément à la police et ont été placées en garde à vue à Bobigny, a indiqué le parquet de Bobigny.

Les bandes, un phénomène mouvant

Selon une source policière locale citée par l'Agence France-Presse (AFP), "des rixes il y en a toujours eu" mais "maintenant on est monté d'un cran dans la violence, ils ont des couteaux et des outils pour tuer".

"On avait une décroissance des phénomènes de bandes, de cette guerre de territoire, (...) mais aujourd'hui c'est vrai qu'on est inquiet face à cette recrudescence", s'est alarmé le commissaire Matthieu Valet, secrétaire national adjoint du Syndicat indépendant des commissaires, samedi matin sur BFMTV.

Dans les colonnes de Libération, le commissaire Julien Herbaut, chef de la Sûreté territoriale à Paris, note un phénomène de bande qui "connaît depuis quelques mois une évolution notable", avec "l'apparition de rivalités qui opposent des groupes plus informels, qui ne sont liés ni à un territoire précis ni à un établissement scolaire, et qui s'affrontent et se rencontrent autour de motifs très futiles plus difficiles à analyser".

Une dynamique "encouragée par les réseaux sociaux qui, depuis quelques mois, jouent le rôle d'incubateur, de catalyseur", du fait que "la raison d'être d'une bande est la volonté de paraître", souligne le fonctionnaire de police.

15 bandes recensées à Paris

Le mois de janvier avait déjà été marqué à Paris par la violente agression du jeune Yuriy dans le cadre d'une rixe. L'adolescent de 15 ans avait été passé à tabac sur la dalle du centre commercial Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement de la capitale. Hospitalisé dans un état grave, le jeune homme a pu être entendu mercredi par les enquêteurs pour la première fois. Onze jeunes sont mis en examen dans le cadre de cette affaire, et six sont incarcérés, pour la plupart originaires de Vanves (Hauts-de-Seine).

Selon le ministère de l'Intérieur, 357 affrontements entre bandes de quartiers ont été recensés en 2020 en France contre 288 en 2019, soit une hausse notable de près de 25%, rapporte l'AFP. Trois personnes sont décédées et 218 ont été blessées lors de ces affrontements.

En tout, 46 bandes sur 74 sont implantées dans le ressort de la préfecture de police de Paris, qui comprend aussi la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine. 15 ont été recensées à Paris.

Clarisse Martin avec AFP