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Police-Justice

"Samuel Paty n'aurait pas dû mourir": l'avocate de la famille de la victime pointe les failles de l'affaire

Pour Me Virginie Le Roy, l'assassinat de Samuel Paty aurait pu être évité s'il avait fait l'objet d'une meilleure protection et si les acteurs de l'attaque avaient été davantage surveillés.

"Tous les marqueurs étaient au rouge." Le drame survenu le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine aurait pu être évité, estime Me Virginie Le Roy, avocate de la famille de Samuel Paty, invitée ce mardi matin sur BFMTV. Le professeur décapité par Abdoullakh Anzorov sur fond de radicalisation islamiste "n'aurait pas dû mourir", martèle-t-elle.

Me Le Roy pointe ainsi des failles tant du côté de la surveillance dont aurait dû faire l'objet le terroriste, que de la protection dont le professeur aurait dû bénéficier.

"Abdoullakh Anzorov avait fait l’objet de signalements sur Pharos qui n'ont pas été traités. A la fin du mois d'août, il avait notamment publié une scène de décapitation mais elle n'a fait l’objet d’aucune préoccupation", délore l'avocate.

Défaillances dans la protection et la surveillance

Par ailleurs, "le collège de Samuel Paty a alerté la police sur les menaces qui visaient le professeur", lequel n'a pour autant fait l'objet d'aucune protection rapprochée. "Ce sont ses collègues qui le ramenaient chez lui", tance Me Virginie Le Roy rappelant le climat délétère dans lequel la victime évoluait peu avant sa mort.

Abdelhakim Sefrioui, fiché S depuis de nombreuses années, avait en effet publié une vidéo intitulée "L'islam et le prophète insultés" dans laquelle il qualifiait Samuel Paty de "voyou". Il appelait à "lui retirer son titre de professeur, disait que Samuel Paty répondait à l’appel d'Emmanuel Macron à haïr et combattre les musulmans, qu’il blasphèmait, et enfin il appellait à une sanction", rappelle-t-elle.

"Il n'y a pas de doute sur le lien entre ce drame et la vidéo postée par Abdelhakim Sefrioui", selon Me Le Roy.

"Obtenir les réponses qui s’imposent"

A ce titre, la cour d'appel de Paris a confirmé lundi la mise en examen du militant islamiste pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Il lui est reproché d'avoir, avec le parent d'élève Brahim Chnina qu'il a contacté, "ciblé" Samuel Paty avant l'assassinat via cette vidéo et ainsi d'avoir "facilité la définition d'un projet criminel" par Abdoullakh Anzorov.

"Comment peut-on être complice d'un agent qu'on ne connaît pas, qu'on n'a jamais vu, avec qui on n'a jamais communiqué?", a défendu Me Elise Arfi, avocate de Sefrioui, qui conteste la complicité retenue à l'égard de son client.

Reste que pour la famille de Samuel Paty, cette mise en examen est un "soulagement car cela signifie que les investigations vont pouvoir se poursuivre sur chacun des protagonistes ayant participé à l'engrenage complexe qui a mené à son assassinat", commente Virginie Le Roy. Et de conclure: "J’irai jusqu’au bout pour obtenir les réponses qui s’imposent."

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV