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Police-Justice

Qui est Hassan Iquioussen, cet imam qui a fui son expulsion?

Depuis mardi et la décision du Conseil d'État, Hassan Iquioussen, cet imam auquel l'exécutif reproche des discours "contraires aux valeurs de la République", est en instance d'expulsion vers le Maroc. Mais le prédicateur est pour l'heure introuvable. Sa personnalité et son parcours, toutefois, apparaissent de plus en plus clairement.

A-t-il pris la fuite précipitamment afin de devancer in extremis l'arrivée des policiers venus l'interpeller, ou a-t-il quitté le pays il y a plusieurs semaines en amont? Tandis qu'une source proche du dossier a confié à l'AFP qu'Hassan Iquioussen pouvait avoir trouvé refuge en Belgique, on sait en tout cas où l'imam ne se trouvait pas mardi: chez lui.

Les policiers n'ont pu que s'en désoler en débarquant à son domicile de Lourches, près de Valenciennes, afin de procéder à son expulsion vers le Maroc, patrie d'origine de sa famille, en application immédiate de la décision rendue en ce sens par le Conseil d'État quelques instants auparavant.

Une sentence confortant la volonté de l'exécutif qui lui reproche des prêches "contraires aux valeurs de la République", "aux principes de la laïcité et de l'égalité hommes-femmes" et "antisémites". Car si Hassan Iquioussen est devenu ces derniers jours le symbole de la volonté de l'État de combattre les discours "séparatistes" islamistes - au point que Gérald Darmanin a annoncé son souhait de l'expulser dès le 28 juillet -, l'imam est dans les radars des autorités depuis longtemps. Le parcours et la biographie du quinquagénaire révèlent en tout cas sa radicalité.

Proche des Frères musulmans

L'homme est né à Denain, en 1958. S'il a donc grandi en France, il a cependant choisi d'en rejeter la nationalité pour ne conserver que celle de ses parents marocains une fois parvenu à la majorité. Choix qui l'a contraint à solliciter des titres de séjour de dix ans afin de rester sur le territoire, comme le précise ici La Croix. À l'hiver dernier, l'administration lui a refusé l'octroi d'un nouveau titre et c'est un avis d'expulsion qui lui a été notifié le 3 mai dernier. Il faut dire qu'au cours des dernières décennies, Hassan Iquioussen a multiplié les prises de position douteuses ou aberrantes.

Décrit comme proche de la confrérie salafiste des Frères musulmans depuis les années 1990, il est un habitué des congrès de l'UOIF (renommée "Musulmans de France" dans l'intervalle), poursuit La Croix. Mais son engagement n'est pas qu'affaire de fréquentations. En effet, ce sont ses propos publics qui lui valent aujourd'hui de se trouver dans le collimateur des institutions et sous les feux de l'actualité.

Une obsession antisémite

Un florilège qui remonte au moins à 2000, comme le montre cet article de TF1. Cette année-là, il s'en prend à Israël au moment de s'adresser à ses fidèles: "C'est un peuple qui nécessite d'être rappelé à l'ordre 24 heures sur 24. Il y a même une parole de Jésus qui appelle les enfants d'Israël, (…) les traitant de race de vipère".

En 2003, il profère des déclarations antisémites supplémentaires, s'en excuse devant le tollé suscité... avant de les renouveler en 2004. Sans mea culpa cette fois. En l'occurrence, il fantasme alors à voix haute une "entente entre le mouvement sioniste et le régime nazi pour favoriser l’installation des juifs en Palestine". En 2014, il vitupère à nouveau contre un chimérique "complot juif".

Son influence dopée par YouTube

On pourrait penser que ses sermons cantonnent son influence à un petit cercle. Mais YouTube lui offre un espace plus ample. Ainsi, il y ouvre une chaîne suivie par 178.000 abonnés. Auditoire qu'il abreuve d'observations de son cru comme celle-ci:

"C’est malheureux qu’aujourd’hui, les femmes considèrent que servir leur mari et leurs enfants soit une punition, alors que c’est une bénédiction".

Son profil très conservateur l'emmène parfois jusqu'à un éloge du jihad et de ses figures. Il qualifie même Ben Laden de "grand combattant face aux Américains" et "grand défenseur de l’Islam". Ce sont d'ailleurs ces saillies qui lui valent d'être fiché S il y a 18 mois.

Il risque trois ans de prison

Côté privé, Hassan Iquioussen est le père d'une fratrie de cinq enfants, et le grand-père de 15 petits-enfants. Marianne s'est intéressé à sa saga familiale, dévoilant que son fils Sofiane est suspecté de s'être rendu auteur de plusieurs malversations entre 2013 et 2017 alors qu'il était à la tête d'une structure d'insertion.

Ce n'est donc pas la première fois qu'Hassan Iquioussen joue au chat et à la souris avec la justice et les forces de l'ordre. Il a cette fois été inscrit au Fichier des personnes recherchées en raison de sa fuite. Il risque trois ans de prison pour s'être soustrait à son interpellation.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV