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Au procès de Nordahl Lelandais, la quête de "la vérité" sur le meurtre de Maëlys

Les parties civiles attendent une sanction lourde, mais Nordahl Lelandais a déjà été condamné à 20 ans de prison pour le meurtre d'Arthur Noyer. Au-delà de la peine, l'enjeu est aussi pour elle de comprendre les circonstances de la mort de la petite fille.

C'est un épilogue attendu depuis quatre ans. Le procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys de Araujo s'ouvre ce lundi à la cour d'assises de Grenoble. Déjà condamné pour le meurtre du caporal Arthur Noyer en mai 2021, Nordahl Lelandais fera donc son retour au tribunal, accusé d'avoir enlevé et tué la petite fille de huit ans, dans la nuit du 26 au 27 août 2017, à l'occasion d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin dans l'Isère.

Après avoir écopé de vingt ans de prison l'an dernier, il risque cette fois la réclusion criminelle à perpétuité. S'il est condamné à cette peine, elle l'emportera forcément sur la première. S'il est condamné mais que les jurés optent pour une autre sanction, il pourra demander une "confusion des peines" auprès du juge de l'application des peines (JAP): selon ce principe, la plus grosse condamnation l'emporte sur la plus légère.

"Qu'il soit jugé à la hauteur des actes"

Interrogée sur BFMTV, Jennifer Cleyet-Marrel, la mère de Maëlys, espère une sanction lourde à son encontre.

"J'aimerais qu'il reste le plus longtemps possible en prison, pour qu'il ne fasse plus jamais de mal à personne", a-t-elle détaillé mardi. "Il a déjà commis un acte horrible, j'aimerais qu'il soit jugé à la hauteur des actes qu'il a commis sur ma fille."

Mais dans ce genre d'affaires, où l'accusé a déjà été condamné à une longue peine de prison, "on attend beaucoup plus de l'attitude de l'accusé que de la sanction", souligne Me Yolaine Bancarel-Lancien. En 2018, l'avocate représentait les frères et sœurs de Farida Hammiche au procès de Michel Fourniret. Le tueur en série, mort depuis, était alors jugé pour l'assassinat de l'épouse de son ex-codétenu. Mais à ce moment-là, Michel Fourniret avait déjà été condamné à la perpétuité pour sept meurtres précédés de viols ou de tentatives de viols, en 2008.

"Ce n'était pas la peine qui nous intéressait. Ce qui était important, c'était la parole de l'accusé. La démarche, c'était surtout de comprendre ce qu'il s'était passé, et de voir si l'individu avait une once d'humanité", explique-t-elle.

La recherche de "la vérité"

Dans le cas de Nordahl Lelandais, au-delà d'un verdict "à la hauteur", Jennifer Cleyet-Marrel aimerait ainsi que l'accusé "dise la vérité".

"Nordahl Lelandais va disposer de trois semaines d'assises au cours desquelles il aura l'occasion de dire ce qui s'est réellement joué" a résumé Me Fabien Rajon sur BFMTV mercredi.

Car certaines zones d'ombres restent encore à éclaircir sur les circonstances de la mort de la petite fille. "La question centrale, c'est la question des sévices de nature sexuelle imposées à Maëlys", estime l'avocat, alors que Nordahl Lelandais n'a pas pu être mis en examen pour "viol", faute d'éléments suffisants au dossier d'instruction.

Des aveux supplémentaires?

Les parties civiles peuvent-elles espérer des révélations de la part de l'accusé sur ces circonstances encore floues? Peu probable, selon Me Bernard Boulloud, qui représentait la famille d'Arthur Noyer lors du premier procès. "Peut-être que certains témoignages pourront le faire craquer, mais les chances sont quand même minimes", estime l'avocat, qui a assisté à de nombreux interrogatoires de Nordahl Lelandais.

"C'est quelqu'un de très posé et réfléchi, qui connaît son dossier sur le bout des doigts", analyse-t-il. "Un manipulateur de haut vol qui sait anticiper. Dès le départ, je me suis toujours dit qu'il ne donnerait jamais à 100% le bout de vérité qui manquait" au dossier concernant la mort d'Arthur Noyer.

Car l'avocat est convaincu que Nordahl Lelandais n'a pas tout dit à propos des circonstances dans lesquelles il a tué le caporal en avril 2017. Si l'accusé a toujours soutenu la version d'un différend lié à un vol de portable, Me Boulloud reste persuadé qu'un motif d'ordre sexuel est lié au meurtre.

À deux reprises au cours du procès, il pense que Nordahl Lelandais va flancher, mais ses espoirs sont finalement déçus. "C'est un militaire, il a appris à rebondir et n'a même pas répondu aux supplications de sa mère et d'un de ses amis proches" de dire la vérité, raconte-t-il.

Aux assises, une pression "extrêmement importante"

"On peut avoir des surprises, en cour d'assises, au niveau de la parole de l'accusé", note cependant Yolaine Bancarel-Lancien. "La pression y est toujours extrêmement importante et on a des instants d'audience où les choses s'éclairent. Ces moments-là sont formidables".

"On espère qu'il dise enfin la vérité. S'il avoue des violences sexuelles pour Maëlys, ce sera un aveu tardif pour ce qui est arrivé à Arthur quelques mois plus tôt", affirme de son côté Me Bernard Boulloud. L'avocat de la famille du caporal affirme qu'il suivra de près les audiences consacrées à l'affaire Maëlys.

Elisa Fernandez