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Procès

Affaire Griveaux: en retard à leur procès, Pavlenski et de Taddeo revendiquent la "liberté artistique"

Alexandra de Taddeo et Piotr Pavlenski à leur arrivée au tribunal judiciaire de Paris, le 28 juin 2023

Alexandra de Taddeo et Piotr Pavlenski à leur arrivée au tribunal judiciaire de Paris, le 28 juin 2023 - J.C.

Alexandra de Taddeo et Piotr Pavlenski sont jugés pour avoir diffusé en février 2020 des vidéos intimes de l'ancien secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux. Ils ont défendu un projet "artistique"

"Ils sont en route, ils sont dans les embouteillages." Me Noémie Saidi-Cottier est bien seule à l'ouverture du procès de sa cliente Alexandra de Taddeo jugée ce mercredi aux côtés de son compagnon Piotr Pavlenski pour avoir diffusé des vidéos intimes de l'ancien secrétaire d'État Benjamin Griveaux. Le couple est arrivé dans la salle d'audience avec plus d'une heure de retard, main dans la main et tout sourire.

À peine entré, le couple est appelé à la barre, uniquement pour énoncer leur identité. Mais à peine la présidente du tribunal correctionnel de Paris demande à Piotr Pavlenski de confirmer sa date de naissance que l'artiste russe, exilé en France, s'est lancé dans un plaidoyer pour son projet artistique dénonçant le point de vue des "conservateurs", autrement dit l'institution judiciaire qui doit le juger.

"Mélange des styles"

Avec son projet, le site "Pornopolitique" sur lequel il a diffusé les vidéos intimes de Benjamin Griveaux le 12 février 2020, il a "mélangé le style élevé et le style bas", celui des parties intimes. Un style qui, selon lui, lui vaut d'être jugé aujourd'hui. "L’interdiction de mélanger des styles est une interdiction du 18e siècle. Les conservateurs sont sournois", scande-t-il, malgré les rappels de la présidente du tribunal. À ses côtés, Alexandra de Taddeo, robe longue de soirée à sequins bleu clair, tient en évidence le livre qu'elle vient de publier L'Amour, et plaide pour "la liberté d'expression".

"Aujourd'hui, nous allons tous assister à l’agonie des morts-vivants, j’annonce aujourd’hui l’arrêt de cela", martèle-t-il, alors que la cour a dû suspendre l'audience.

Des applaudissements se font entendre dans la salle d'audience où le public est nombreux ce mercredi. À la reprise des débats, Piotr Pavlenski fait valoir son droit au silence, estimant qu'on "ne veut pas l'écouter". La présidente du tribunal lui demande simplement que les débats "doit se dérouler dans la sérénité".

Benjamin Griveaux absent

Les vidéos intimes dénoncées ont été publiées sur le site "Pornopolitique" le 12 février 2020. Devenues virales, elles ont été vues des centaines de milliers de fois avec un pic de visionnage le 14 février 2020 avec 93.780 vues ce jour-là. Le même jour, Benjamin Griveaux, homme fort de la Macronie, annonce abandonner la course à l'élection municipale à Paris. Il avait porté plainte pour "atteinte à la vie privée".

Ces vidéos ont été envoyées à Alexandra de Taddeo, étudiante aujourd'hui âgée de 32 ans, avec qui l'ancien porte-parole du gouvernement, reconverti dans le privé, a entretenu une brève relation en 2018. La jeune femme a conservé quatre vidéos, envoyées via une messagerie et censées s'effacer automatiquement au bout de quelques secondes, sur son ordinateur personnel. "Pour se protéger", a-t-elle toujours maintenu.

En couple depuis cette époque avec Piotr Pavlenski, Alexandra de Taddeo a toujours maintenu ne pas avoir donné ces vidéos à son compagnon pour son projet "Pornopolitique". En diffusant ces contenus, à l'insu de la jeune femme, a-t-il toujours assuré, cet artiste a toujours revendiqué un projet artistique pour dénoncer "l'hypocrisie" de l'homme politique qui défend les valeurs familiales traditionnelles. Benjamin Griveaux n'assiste pas au procès.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV