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Police-Justice

Procès du "tueur de DRH": face à la justice, Gabriel Fortin dénonce des "mensonges" et se dresse en "victime"

Le procès de Gabriel Fortin, connu sous le nom du "tueur de DRH", a débuté ce mardi 13 juin devant la cour d'assises de Valence. Il est accusé d'avoir tué trois femmes, deux DRH et une conseillère Pôle Emploi en janvier 2021. Sa mère, qui a témoigné ce mardi, a avoué "ne pas comprendre son fils" et affirmé qu'"il a fichu sa vie en l'air et celles de tous ces gens".

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Gabriel Fortin, surnommé "le tueur de DRH", est jugé depuis ce mardi 13 juin à Valence (Drôme) pour trois assassinats, ainsi qu'une tentative d'assassinat.

Ingénieur au chômage accusé d'avoir tué en 2021 deux anciens DRH qui l'avaient licencié et une cadre de Pôle Emploi, le prévenu avait gardé le silence face aux enquêteurs pendant près de deux ans. Extrait de sa cellule ce mardi matin, le quadragénaire a tenu une posture attentive tout au long de cette première journée d'audience, du tirage au sort des jurés à l'ordonnance de mise en accusation prononcée par le président de la Cour d'assises.

Il a écrit un texte lu dans son box dans lequel il a évoqué "beaucoup de mensonges dans la continuité des faits" et dit avoir été "victime".

"Tout cela a impacté ma vie personnelle, ma vie professionnelle", ajoute-t-il.

Gabriel Fortin a également indiqué avoir alerté sur ce qui lui arrivait "des procureurs, des députés et même des ministres de la Justice, des "personnes en capacité d'agir", "responsables" selon lui de la situation actuelle.

Le 28 janvier, dans son périple sanglant, il avait successivement abattu Patricia Pasquion, cadre dans une agence Pôle Emploi de Valence, puis Géraldine Caclin, responsable des ressources humaines d'une entreprise ardéchoise avant d'être arrêté dans sa voiture.

L'enquête établit rapidement un rapprochement avec d'autres faits commis dans le Haut-Rhin: la mort d'Estelle Luce, le 26 janvier, tuée par balles dans sa voiture, puis, le même soir l'agression à son domicile de Bertrand M. On apprendra plus tard que ces trois dernières victimes avaient été associées à deux licenciements de Gabriel Fortin, en Eure-et-Loir et en Ardèche en 2006 et 2009.

"Il a fichu la vie de ces gens en l’air"

La mère de Gabriel Fortin, a témoigné à la barre et raconté l'enfance de son fils, un enfant "discret, serviable", avant de partager sa réaction sur les faits qui lui sont reprochés. "Je suis tombée des nues. Ce qu’il s'est passé, c'est impensable pour moi. S’il m’avait parlé je lui aurais dit d’aller voir un médecin, je l’aurais empêché. Il a fichu la vie de ces gens en l’air, il a fichu sa vie en l’air", déclare-t-elle.

Interpellée par le président, elle confie qu'elle n'a pas vu son fils depuis les faits, et réalise alors à ce moment que son enfant se trouve dans la salle. Elle s'effondre alors en larmes.

"Pourquoi tu ne m’as pas parlé? Pourquoi tu ne m’as pas dit ce qui n’allait pas? J'aurais essayé de t'aider", lui lance-t-elle.

"Explique leur pourquoi, pour les gens, tu sais. Ils ont besoin de savoir pour faire leur deuil, tu sais. Réponds bien aux questions qu'on te pose", poursuit-elle.

"Un homme solitaire" baigné dans le complotisme

Gabriel Fortin se lève, ressort le papier de sa poche, et se met à relire ce qu'il a déclaré en début d'audience, concluant sa prise de parole par ces mots: "l'affaire est finie".

La mère du prévenu éclate en sanglots. Vient alors le frère de Gabriel Fortin, qui évoque "des moments heureux" dans leur enfance. Mais le prévenu est décrit comme "un homme solitaire" qui tombe dans le complotisme pendant le confinement. La tante de Gabriel Fortin, est elle aussi passée à la barre ce mardi. Le verdict est attendu le 30 juin.

Mélanie Vecchio avec Hugues Garnier avec AFP