BFMTV
Police-Justice

Procès de Rédoine Faïd: après un bug technique, les avocats s'interrogent sur la "sérénité" des débats

La cour d'assises juge onze personnes après l'évasion spectaculaire de Rédoine Faïd de la prison de Réau en juillet 2018.

La cour d'assises juge onze personnes après l'évasion spectaculaire de Rédoine Faïd de la prison de Réau en juillet 2018. - Miguel Medina

Le procès avait été suspendu vendredi dernier après la diffusion dans la salle d'audience, par erreur, du visage de l'un des accusés, ayant changé d'identité. Les avocats regrettent un manque de sérénité dans les débats.

La cour d'assises de Paris juge-t-elle l'évasion de Rédoine Faïd le 1er juillet 2018 de la maison d'arrêt de Réau ou un dossier de banditisme corse? C'est en creux la question posée par un avocat de la défense ce lundi matin à la reprise du procès suspendu vendredi après un incident technique.

"Nous avons envisagé de vous demander le renvoi, parce qu'il est apparu qu’à la suite de cette erreur technique la dimension corse de ce dossier faisait que je me demandais dans quel procès on était, a lancé en début d'audience ce lundi matin Me Thibaut Rouffiac, avocat de l'un des proches de Rédoine Faïd, exprimant son "impression d’être dans un nouveau procès d’assises".

Rédoine Faïd, le roi de l'évasion jugé sous haute surveillance
Rédoine Faïd, le roi de l'évasion jugé sous haute surveillance
17:57

Bug technique

Rédoine Faïd est jugé depuis début septembre pour son évasion le 1er juillet 2018 du centre penitentiaire de Réau. Plusieurs de ses proches comparaissent à ses côtés pour leur aide supposée dans ce projet. Dans le cadre de l'instruction était apparu un autre projet d'évasion, avorté, celui de la prison de Fleury-Mérogis en 2017.

Pour cela, Rédoine Faïd aurait fait appel, par l'intermédiaire de ses frères, à Jacques Mariani, figure du grand banditisme corse. C'est en tout cas ce qu'assure un autre accusé, ayant depuis bénéficié du statut de repenti.

Jeudi, cet homme, qui comparaît caché derrière un paravent depuis le début du procès et qui dispose d'une nouvelle identité, était interrogé par la cour d'assises de Paris sur les faits. Son visage était toutefois apparu sur les écrans de la salle d'audience installés pour permettre au public de suivre les débats. "Une erreur technique", comme l'a qualifiée la présidente de la cour, qui avait valu vendredi une suspension d'audience.

Une enquête a d'ailleurs été ouverte par le parquet mais, à ce stade, "aucune photo sur les réseaux sociaux n'a pu être identifiée", a indiqué la présidente de la cour d'assises, revenant sur ses déclarations de vendredi.

La sérénité des débats perturbée?

A la reprise ce matin, la question circulait sur les bancs: le procès peut-il reprendre dans ces conditions? Un temps, il a été envisagé par la défense de demander le renvoi. Les avocats, ainsi que les avocats généraux, représentant l'accusation, ont tous été réunis par la présidente de la cour pour leur annoncer que, de fait, le procès reprendrait.

Mais pour les avocats de Rédoine Faïd et des autres accusés qui comparaissent pour l'évasion du centre pénitentiaire de Réau se pose toujours la question de la perception de cet incident, et le retentissement médiatique qui en a découlé, sur la cour et principalement les jurés. La salle d'audience "n’est pas un cirque, c’est un endroit d’une solennité absolue, a rappelé Me Leberquier, l'un des avocats de Rédoine Faïd. Ce qui s’est passé n’est de la faute d’aucunes des parties, c'est un incident technique, regrettable."

"Monsieur (l'accusé qui comparaît caché, NDLR) n’a pas le statut de repenti ou de témoin procès dans le cadre de notre dossier", a ajouté le conseil.

"Est-ce que vous allez pouvoir essayer de juger en toute sérénité (...) c’est un dossier d’évasion avec 5 jours d’ITT et pas un dossier de banditisme corse", a encore rappelé Me Thibaut Rouffiac. "Si j'ai renvoyé le dossier vendredi, c'est aussi pour ces raisons là (...), lui a répondu la présidente de la cour d'assises. J'ai estimé que la sérénité n'était pas là vendredi matin (...) S’il est possible de reprendre dans ces conditions, sans invective, supposition ou préjugé, reprenons."

Seule conséquence, et de taille, pour la cour d'assises: le verdict qui devait être rendu le 20 octobre sera finalement prononcé le 25.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV