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Police-Justice

Paris: un handballeur de l'association sportive LGBT OUTsiders victime d'une agression homophobe

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- - (Photo d'illustration) - Jeff Pachoud-AFP

Six personnes ont agressé et insulté un joueur de handball de l'association sportive LGBT OUTsiders, la semaine dernière, après un verre dans le quartier du Marais à Paris.

La semaine dernière, dans la nuit du 9 au 10 décembre, pour fêter une victoire, la section handball de l'association sportive LGBT OUTsiders a décidé de prendre un verre dans le Marais, à Paris. L'un des joueurs, en rentrant chez lui, a été agressé par six personnes, dans un quartier pourtant emblématique de la communauté LGBT+.

"Notre joueur s'est fait molester par six personnes qui l'ont agoni d'insultes homophobes. Après son agression, le visage tuméfié et en état de choc, il a réussi à avertir deux coéquipiers qui sont venus à sa rescousse et l'ont raccompagné chez lui", a indiqué à BFMTV.com Brice Poulot Derache, référent handball au sein de l'association. 

Le lendemain de son agression, le joueur, accompagné de son équipe, a porté plainte pour agression à caractère homophobe.

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joueur.png © Twitter - Handsiders

"Un élan de solidarité"

Le joueur agressé a indiqué, par la voix de Brice Poulot Derache, vouloir "passer à autre chose". La période des fêtes "approchant", il souhaite "souffler un peu" et "ne plus trop y penser". 

Il peut, en tout cas, compter sur le soutien de nombreux internautes, qui se sont indignés de l'agression sur les réseaux sociaux. La maire de Paris Anne Hidalgo a tenu à apporter "tout [s]on soutien après cette agression inacceptable". 

"L'homophobie n'aura jamais sa place à Paris, les coupables doivent être retrouvés et condamnés", a-t-elle ajouté.
"Si cette agression relève d'un autre temps, nous retenons surtout un véritable élan de solidarité compte tenu des centaines de messages de soutien qui ont été adressés à notre joueur. C'est ce message positif que nous voulons retenir avant tout", a souligné le référent handball d'OUTsiders.

Plaisanter pour "dédramatiser"

Pour le soutenir face au souvenir de l'agression qui "le replonge systématiquement dans ce déchaînement de violence qu'il a subi", son équipe essaie désormais de "plaisanter pour dédramatiser", a expliqué Brice Poulot Derache.

"Lundi, dans les vestiaires, après une victoire l'un de nous a lancé avec un soupçon de malice: 'On va peut-être pas fêter ça jusqu'à 3 heures du matin cette fois-ci, hein ?'. On lui a aussi assuré que "la cicatrice ça donne un côté bad boy sexy". Mais c'est surtout de voir notre coéquipier retrouver confiance en lui en étant un guerrier sur le terrain qui a été la plus belle des satisfactions", a-t-il raconté.

Un travail de visibilité

Beaucoup de handballeurs d'OUTsiders ont souffert d'homophobie, a révélé le référent handball de l'association. "Certains qui étaient en club classique ont dû renoncer à leur passion, ne pouvant être eux-mêmes sans risquer des moqueries ou une exclusion de leur ancienne équipe. Certains ont souffert d'un outing forcé, ce qui est une violence au même titre qu'une agression physique", a-t-il ajouté.

"Au sein de notre association, les joueurs profitent désormais d'une 'safe zone': ils peuvent jouer au handball en compétition et s'entraîner sans crainte de subir des discriminations. Il n'y a d'ailleurs pas que des personnes LGBT+ chez OUTsiders car nous sommes ouverts à toutes et à tous", a précisé Brice Poulot Derache.

L'équipe rencontre, par ailleurs, régulièrement des équipes de handball traditionnelles dans le cadre de leur championnat. Si des "quolibets et moqueries" pouvaient être entendus sur le terrain il y a quelques années, ce n'est plus le cas maintenant.

Plutôt que de rester "focaliser sur la brutalité dont [ils] [ont] été victimes", l'association désire "parler du travail de visibilité" qu'elle fait au quotidien dans son sport car c'est ce dernier "qui fait évoluer lentement les mentalités".

Clément Boutin