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Nordahl Lelandais condamné pour le meurtre de Maëlys: qu'est-ce qu'une période de sûreté?

Nordahl Lelandais

Nordahl Lelandais - Benoit PEYRUCQ / AFP

Nordahl Lelandais a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Une durée pendant laquelle il ne pourra pas faire de demande de mise en liberté.

C'était la peine la plus lourde, la peine maximale, que Nordahl Lelandais encourait pour le meurtre d'une mineure. Vendredi, l'ancien maître-chien de 39 ans a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Il a été reconnu coupable d'avoir tué Maëlys de Araujo, 8 ans au moment des faits, le 27 août 2017 à Pont-de-Beauvoisin en Isère, et d'avoir agressé sexuellement deux petites cousines de 4 et 6 ans le même été.

Les jurés, qui ont délibéré pendant plus de six heures, ont par leur verdict reconnu que Nordahl Lelandais présentait une "dangerosité extrême" et était "la figure la plus impitoyable de la mort" dépeinte lors de son réquisitoire par l'avocat général, qui avait demandé la peine maximale pour les faits reprochés à l'accusé.

"C'est le maximum qui a été ordonné au titre de la période de sûreté, rappelle Me Yves Crespin, avocat de deux associations de protection de l'enfance. La cour d'assises pouvait pas aller plus loin au vu de ce qui avait été retenu mais ne pouvait pas laisser cet homme espérer une libération rapide."

Pas de libération automatique

La condamnation infligée à Nordahl Lelandais ne signifie toutefois pas qu'il sortira de prison automatiquement dans 18 ans (22 ans de sûreté prononcés ce vendredi, auxquels ont été soustraites les quatre années de détention provisoire qu'il a déjà effectuées). "Le condamné ne peut bénéficier, pendant une période de sûreté, des dispositions concernant la suspension ou le fractionnement de la peine, le placement à l'extérieur, les permissions de sortir, la semi-liberté et la libération conditionnelle", rappelle le code pénal.

La période de sûreté signifie qu'au bout de ces 22 ans, Nordahl Lelandais pourra faire une première demande de mise en liberté. Il aura alors 57 ans. Celle-ci sera alors soumise à un juge d'application des peines, qui s'appuiera sur l'avis d'un collège d'experts devant évaluer la dangerosité du meurtrier et sa capacité de réinsertion. Le juge pourra alors décider ou non de le libérer au regard du risque qu'il peut encore faire courir à la société.

Pour exemple, Jean-Claude Romand, condamné à la même peine que Nordahl Lelandais en 1996 pour le meurtre de sa femme, ses enfants et ses parents, a été remis en liberté qu'en juin 2019 après avoir passé 25 ans en prison. Le plus vieux détenu de France, Joseph-Thomas Recco, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de quatre personnes dans les années 80, est toujours emprisonné malgré une vingtaine de demande de mises en liberté. À chaque fois, les juges considèrent que l'homme aujourd'hui âgé de 87 ans n'exprime toujours aucun remord.

La perpétuité réelle, une décision extrêmement rare

Nordahl Lelandais sait que s'il veut sortir un jour de prison, il devra faire un travail sur lui. "J'ai bien compris qu'il fallait faire un long travail, qu'il fallait que je reprenne depuis le début, disait-il au cours du procès qui vient de s'achever. Je m'y engage, j'ai déjà commencé." Les experts qui se sont succédés à la barre ont fait part de leur septicisme quand à une éventuelle rédemption. Au cours des débats, Nordahl Lelandais a présenté ses excuses mais n'a jamais fait part de regrets.

Enfin, beaucoup se sont interrogés sur la possibilité de condamner Nordahl Lelandais à la perpétuité réelle. L'ancien militaire était poursuivi pour meurtre, enlèvement, séquestration et agression sexuelle sur mineurs. Si tout au long des débats, le mobile sexuel a été mis en avant par l'accusation, il n'a pu être prouvé ni par des éléments matériels, ni par des aveux de l'accusé. Le viol n'avait donc pas pu être retenu contre l'accusé. C'était le seul chef d'incrimination qui aurait pu conduire à alourdir la période de sûreté à 30 ans, voire à le condamner à la perpétuité réelle, décision extrêmement rare dans l'histoire judiciaire française.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV