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Police-Justice

Nancy: 20 ans requis contre le Dr Muller pour le meurtre de sa femme

Le parquet a requis jeudi 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre du docteur Jean-Louis Muller.

Le parquet a requis jeudi 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre du docteur Jean-Louis Muller. - -

Alors que le verdict du troisième procès d'assises du docteur Jean-Louis Muller est attendu jeudi soir, le parquet a requis 20 ans de réclusion criminelle à son encontre.

Le parquet a requis jeudi 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre du docteur Jean-Louis Muller, l'accusant d'avoir maquillé en suicide le meurtre de sa femme, lors de son troisième procès d'assises à Nancy.

"Il a tué la mère, il a tué la femme, ça mérite 20 ans", a conclu l'avocat général, Jacques Santarelli, au terme d'une heure quinze de réquisitoire, prononcé d'un ton vif et rapide, au cours duquel il s'est attaché à démonter la thèse du suicide de Brigitte Muller, soutenue par l'accusé.

"Vous n'avez rien qui contienne le germe d'une erreur judiciaire", a dit Jacques Santarelli pour rassurer les jurés. "Il y a un problème récurrent, c'est celui de la preuve, mais le mot ne doit pas vous effrayer".

Déjà condamné deux fois

Jean-Louis Muller clame sans relâche que son épouse Brigitte s'est suicidée avec le Magnum 357 retrouvé entre ses pieds, dans la salle de jeux située au sous-sol de leur pavillon alsacien, le 8 novembre 1999.

Mais par deux fois les juridictions criminelles ne l'ont pas cru et l'ont condamné à 20 ans de réclusion. La Cour de cassation a cependant annulé le deuxième verdict et ordonné la tenue d'un troisième procès, devant les assises de Meurthe-et-Moselle.

Selon Jacques Santarelli, le mobile est assez évident: la liaison entamée peu avant sa mort par Brigitte Muller, documentaliste de 42 ans, avec un autre homme. Jean-Louis Muller a toujours affirmé ignorer la relation extraconjugale de son épouse. Dans son box, il est apparu bavard et parfois convaincant, loin de l'image arrogante, voire pénible, qu'il avait laissée aux jurés de ses deux premiers procès.

"Une main experte"

Durant huit jours, des dizaines de témoins et d'experts se sont succédé à la barre pour évoquer les éléments de ce drame à huis clos, sans témoins. Des éléments souvent troublants, voire accablants contre le Dr Muller que Jacques Santarelli s'est attaché à relever. Il a notamment été question de l'absence d'empreintes sur l'arme, ou son chargement, un fait qui n'a que "l'apparence de l'intervention d'une main maladroite" comme celle de Brigitte Muller.

"Mais en réalité, c'est celle d'une main experte" qui a choisi "une quantité exceptionnellement grande de poudre dans la cartouche", a-t-il estimé. De la poudre dont on retrouvera une quantité plus grande sur Jean-Louis Muller que sur son épouse.

"Ciao, ciao, ciao"

"Nous avons des éléments pour dire qu'elle est descendue contrainte" dans la cave, a affirmé Jacques Santarelli en s'étonnant au passage de l'absence de lettre à ses enfants, "sinon un ridicule, un minable papier bonbon sur lequel est écrit 'Ciao, ciao, ciao', comme une rengaine de disque de variété".

Pour sa troisième comparution devant une cour d'assises, Jean-Louis Muller s'est entouré d'un recordman des acquittements: Maître Eric Dupond-Moretti. Dans une plaidoirie très attendue, l'avocat de la défense devait rester fidèle à la méthode qui a été la sienne tout au long du procès: chercher à ébranler les convictions des jurés en insistant sur l'absence de preuve matérielle certaine.

Car nulle trace, ni de pas, ni de déplacement du corps, n'a entaché ce sous-sol macabre, ce qui avait d'abord conduit la justice à classer sans suite l'affaire, avant que la famille de Brigitte ne dénonce des incohérences, deux ans après son décès. Le verdict est attendu jeudi dans la soirée.

M.K. avec AFP