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Police-Justice

Procès du Dr Muller: la thèse du suicide recule

Le docteur Jean-Louis Muller, lundi, au premier jour de son procès devant les assises de Nancy.

Le docteur Jean-Louis Muller, lundi, au premier jour de son procès devant les assises de Nancy. - -

Ce médecin alsacien comparaît pour la troisième fois pour le meurtre de son épouse. Lui, clame qu'elle s'est suicidée. Au bout d'une semaine de procès, l'accusation a néanmoins marqué des points.

L'affaire Muller, du nom de ce médecin légiste alsacien accusé du meurtre de son épouse, a toujours été empreinte du sceau du doute. L'homme, jugé pour la troisième fois depuis lundi, clame depuis les faits, en 1999, que sa femme s'est suicidée. Mais depuis deux jours, l'accusation qui a toujours soutenu la thèse du meurtre a marqué des points.

Brigitte Muller a été retrouvée morte le soir du 8 novembre 1999, par arme à feu, dans la salle de jeu des enfants du couple. C'est son mari qui a prévenu les gendarmes. A l'époque, le parquet a conclu à un suicide, et une autorisation d'incinérer a été délivrée quelques jours après le drame. Ce sont des doutes, émis par la famille de la victime, qui ont finalement abouti à l'ouverture d'une enquête.

Pas de trace sur le pistolet

Pour son troisième procès après cassation devant la Cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, Jean-Louis Muller s'est armé d'un ténor du barreau, Me Eric Dupont-Moretti. Mais à la fin de la première semaine de procès - il doit durer jusqu'au 31 octobre -, la thèse du meurtre défendue par l'accusation a été la plus convaincante.

Jeudi, la Cour est en effet revenue sur l'argument le plus net en faveur du meurtre: l'absence de trace sur le pistolet 357 Magnum utilisé. Comment une personne a-t-elle pu se suicider sans que l'arme porte la moindre trace? "Soit la victime portait des gants, soit l'arme a été essuyée", a répondu devant la Cour l'expert qui l'a analysée.

"Fine pellicule grasse"

Cet homme, Jacques Peuziat, a souligné qu'il n'y avait "ni trace sur l'arme, ni sur les munitions". Ni empreinte, ni dépôt de sueur... "On retrouve seulement deux traces partielles sur la valisette de transport de l'arme, mais qui n'appartiennent ni à la victime, ni à l'accusé."

A cet argumentaire, Me Dupont-Moretti a rétorqué que "l'arme n'a pas été nettoyée, puisqu'elle a été retrouvée recouverte de matière organique" - une "fine pellicule grasse" relevée par l'expert. Mais pour l'accusation, l'arme a pu être essuyée, puis projetée à un endroit où se trouvaient des déchets organiques...

Peur des armes

Et puis ces armes que collectionnait son mari, Brigitte "en avait peur". Son ex beau-frère, appelé vendredi à la barre, a indiqué qu'elle lui avait confié un jour: "S'il m'arrive quelque chose, il ne faut pas croire Jean-Louis", relate France Inter qui couvre le procès. "Elle s'en amusait, elle disait ça en riant", a ajouté Philippe Lacour. "Moi, ça m'avait glacé."

"Une bonne mère", "des projets", "elle n'aimait pas les armes"... Toute la journée de vendredi, les proches de la victime ont défilé à la barre en déniant que la victime ait pu avoir des tendances suicidaires. Des points précieux pour l'accusation. Me Dupont-Moretti, surnommé "Acquittator", aura fort à faire la semaine prochaine pour prouver que son client a raison.

Mathilde Tournier et avec AFP