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Police-Justice

Mort de Zacharie aux urgences: un drame et des questions

Une photo de Zacharie dans sa tenue de judo, au domicile de ses parents à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).

Une photo de Zacharie dans sa tenue de judo, au domicile de ses parents à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). - -

Ce petit garçon de 10 ans est mort à l'hôpital, dimanche, d'un décès "brutal et inattendu", selon les soignants. Sa famille, elle, pointe les "négligences" dans sa prise en charge. Deux enquêtes ont été ouvertes.

La mort de Zacharie, 10 ans, aux urgences de l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis dimanche, suscite l'incompréhension et la colère de sa famille. Pourquoi le petit garçon n'a-t-il pas été secouru plus tôt? Comment expliquer son décès si brutal? Tant de questions auxquelles les deux enquêtes, administratives et judiciaires, devront répondre.

> Un quartier abandonné par les pompiers et les taxis?

Zacharie, 10 ans, est mort dimanche matin à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis. C'est le vendredi précédent qu'il commence à se plaindre de maux de ventre dans l'appartement familial d'Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. "Il ne mangeait plus, avait très mal. J'avais peur. Je voyais que ce n'était pas un mal de ventre normal", se souvient Monique, sa mère.

• Premier appel aux pompiers. Un médecin examine le garçon et diagnostique une gastro-entérite. Mais le lendemain soir, les médicaments ne semblent pas faire effet. Monique décide alors, avec son mari, d'emmener Zacharie aux urgences. "J'ai appelé les pompiers, ils m'ont écoutée mais m'ont dit que ce n'était pas urgent", relate-t-elle.

• Deuxième appel au Samu. Les pompiers redirigent alors la mère de Zacharie vers le Samu. Celui-ci estime qu'il n'y a pas de danger vital et refuse de faire venir une ambulance, bien qu'elle objecte qu'elle n'a pas de voiture.

• Troisième appel au taxi. La famille n'ayant pas de voiture, Monique décide d'appeler un taxi. Mais on lui répond que son quartier est "malfamé" et qu'aucun chauffeur ne veut venir. Zacharie vomit et se convulse. Affolée, elle décide de le porter à bout de bras et de héler un taxi dans la rue. Le chauffeur s'arrête, il est 3 heures du matin dimanche. Ils parviennent aux urgences de l'hôpital Delafontaine à 5h15.

Pour Monique, le malheur de Zacharie est notamment lié au fait de vivre "dans le mauvais quartier". Elle pense fermement que l'arrivée des secours aurait pu changer les choses.

> Des négligences dans la prise en charge?

• Un état d'urgence. Selon l'hôpital, Zacharie est pris en charge "immédiatement" aux urgences. Après une échographie, on diagnostique une appendicite à opérer immédiatement. "Ils lui ont fait une perfusion, une échographie et l'ont préparé pour aller au bloc. Puis on a attendu le chirurgien", se souvient sa mère.

Là, l'état de Zacharie se dégrade rapidement. Près de quatre heures se sont écoulées depuis son arrivée aux urgences. On prie Monique de sortir de la chambre. Dans l'entrebâillement de la porte, elle aperçoit les soignants prodiguer à son fils un massage cardiaque. En arrêt cardio-respiratoire, Zacharie meurt peu avant 9h.

• Zacharie meurt brutalement. Pour l'hôpital, le décès "est brutal et inattendu". Selon une source proche de l'enquête, les soignants pensent qu'il pourrait être dû à une malformation cardiaque très rare, qui n'a jamais été détectée.

Lors d'une conférence de presse, le directeur adjoint de l'hôpital, Guillaume Chesnel, a décliné toute responsabilité de son service. Selon lui, à partir du moment où Zacharie est arrivé aux urgence, "il n'y a eu aucun dysfonctionnement et la prise en charge a été constante."

Monique a du mal à croire à un problème cardiaque. Elle a demandé à avoir "toutes les preuves et les examens médicaux" pratiqués sur son fils. Elle décrit Zacharie, qui allait entrer en sixième, comme sportif. L'enfant était notamment inscrit dans un club de judo.

> Quelles enquêtes?

Le responsable des urgences pédiatriques, Simon Escoda, a demandé une autopsie, dont les résultats seront connus dans plusieurs semaines. De leur côté, les parents de Zacharie ont porté plainte pour "non assistance à personne en danger.

A la suite de cette plainte, le parquet de Bobigny a ouvert jeudi une information judiciaire pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en danger". Dans le cadre de l'enquête, une seconde autopsie devait être pratiquée ce vendredi dans un institut médico-légal. Les résultats ne seront pas connus "avant la semaine prochaine", a précisé Me Innocent Fenze, l'avocat de la famille.

En parallèle à l'enquête judiciaire, une enquête administrative a été demandé par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à l'Agence régionale de Santé.

M. T. avec AFP