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Police-Justice

Mort de Shaoyo Liu: la fille de la victime décrit un père "aimant" et contredit la version de la police

Trois jours après la mort d'un ressortissant chinois tué par un policier à son domicile parisien, sa famille a exprimé son désarroi ce mercredi dans une conférence de presse. Sa fille a décrit un père "aimant" et assuré qu'il n'avait pas tenté d'agresser les policiers.

L'émotion était vive pour les membres de la famille de Shaoyo Liu ce mercredi. Ses enfants étaient notamment présents devant la presse, trois jours après la mort de leur père, tué par un policier à son domicile du 19e arrondissement de Paris.

"Je voulais parler au nom de ma famille, a indiqué sa fille étudiante en Master. Nous sommes toujours choqués par ce qui s'est passé. Ce soir-là, c'était un dimanche normal pour nous, on allait reprendre chacun nos cours (...) mais ce soir-là notre vie a été bouleversée."

Des sanglots dans la voix, la jeune femme a également décrit son père comme "quelqu'un qui était attentionné, aimant", confiant qu'il "se levait à 6-7 heures du matin" pour leur préparer le déjeuner.

"Mon père essayait de retenir la porte et le coup est parti"

Un portrait loin de la description faite par les policiers, intervenus au domicile de Shaoayo Liu après le signalement d'un voisin qui faisait mention "d'un homme se déplaçant dans les parties communes avec un couteau à la main". D'après la police, au moment de leur intervention, l'homme aurait tenté d'agresser les policiers à l'aide de ciseaux avant d'être abattu. Une version que contredit sa famille, plusieurs de ses enfants étant présents dans l'appartement au moment des faits.

"J'étais dans ma chambre, à un moment la porte a commencé à toquer et de plus en plus fort et je suis sortie (...) Mon père essayait de retenir la porte et puis les coups étaient de plus en plus violents. On ne savait pas qui c'était", relate sa fille expliquant ne pas avoir entendu prévenir qu'il s'agissait de policiers.

"Mon père essayait de retenir la porte et le coup est parti, tout ça s'est passé en quelques secondes et mon père était déjà au sol. En aucun cas il a touché ce policier", poursuit-elle encore. La jeune femme confirme par ailleurs qu'il avait bien en main une paire de ciseau mais qu'il l'utilisait en cuisine, où il était en train de préparer à manger. 

Un bref internement en 2012

Par la voix de leur avocat, la famille de Shaoayo Liu a également rejeté tout problème psychiatrique de la victime. L'homme aurait brièvement interné en 2012 après avoir jeté un téléviseur par la fenêtre, "mais a tout de suite été libéré".

La mort du père de famille de 56 ans a déclenché un mouvement de colère de la part de la communauté chinoise de Paris qui dénonce une bavure policière. Des heurts ont éclaté lors de rassemblements lundi et mardi soir. à Paris. Pékin s'est également fait écho de cette affaire, demandant à la France de garantir "la sécurité et les droits" de ses ressortissants. Le ministère français des Affaires étrangères a assuré que leur sécurité était bien "une priorité des autorités françaises". La famille a de son côté lancé un appel au calme. Une enquête a été ouverte, les services de l'Inspection générale de la police nationale ont été saisis et ont auditionné les membres de la famille de la victime.

Carole Blanchard