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Mehdi Nemmouche, toujours en garde à vue, reste muré dans son silence

Portrait de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être l'auteur de la tuerie de Bruxelles survenue le 24 mai dernier

Portrait de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'être l'auteur de la tuerie de Bruxelles survenue le 24 mai dernier - -

Invoquant son droit au silence, le suspect de la tuerie du Musée juif de Bruxelles accepterait d'être extradé rapidement vers la Belgique, a annoncé lundi son avocat. Un médecin qui l'a examiné recommande quant à lui "une expertise psychiatrique".

Mehdi Nemmouche a-t-il agi seul? Planifiait-il d'autres crimes? Troisième jour de garde à vue et toujours des questions en suspens. Arrêté vendredi à Marseille, le suspect de la tuerie de Bruxelles invoque son droit au silence et refuse de s'exprimer sur les faits. Mais il ne devrait "en principe" pas s'opposer à son extradition vers la Belgique, qui en fait la demande, a annoncé lundi en fin de journée son avocat.

Par ailleurs, un médecin qui l'a examiné durant sa garde à vue recommande une expertise psychiatrique, selon nos informations. BFMTV.com revient sur le parcours d'un jeune délinquant et fait le point sur l'enquête.

Un délinquant multirécidiviste

Mehdi Nemmouche serait un "malfrat qui s'est transformé en terroriste", d'après le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, interrogé lundi sur Europe 1. Le suspect, originaire de Roubaix dans le Nord, a été placé très tôt en maison d'accueil avant de se retrouver à la rue dès l'âge de dix-sept ans.

Devenu un délinquant multirécidiviste, le jeune homme âgé de 29 ans a été condamné à sept reprises: la première fois en janvier 2004 par le tribunal des enfants de Lille pour vol avec violences, et incarcéré cinq fois.

Sans domicile fixe, voyageant en Europe sac au dos, il a passé depuis la fin 2012 plus d'un an en Syrie "où il semble avoir rejoint les rangs de groupes combattants" parmi les plus violents, comme l'Etat islamique de l'Irak et du Levant (EIIL), a expliqué le procureur de Paris, François Molins. Comme 400 autres jihadistes partis en Syrie ou qui en sont revenus, il faisait l'objet d'une "fiche S" (sûreté de l'Etat), le signalant comme une personne à surveiller, mais les services de renseignement avaient perdu sa trace jusqu'à cette interpellation.

La prison, lieu de radicalisation?

C'est lors de sa dernière période de détention, dans le sud de la France, entre 2007 et 2012, que le suspect se serait radicalisé. Mehdi Nemmouche s'est alors "illustré par son prosélytisme extrémiste, fréquentant un groupe de détenus islamistes radicaux et faisant des appels à la prière collective en promenade", a affirmé le magistrat.

A Toulon-La Farlède, le suspect avait été placé plus d'un an à l'isolement notamment en raison de son comportement prosélyte; il ne voulait pas la télévision dans sa cellule mais l'a réclamée pendant l'affaire Merah.

En 2011, l'homme avait aussi demandé des textes sur l'islam à une association de soutien à des prisonniers musulmans, demandant par exemple des éléments sur "l'obligation du niqab et du hijab" ou sur la longueur requise pour la barbe.

Les suites de l'enquête

Le tueur présumé planifiait-il d'autres crimes? Arrêté vendredi à Marseille avec un revolver, une Kalachnikov et de nombreuses munitions, Mehdi Nemmouche est décrit par le ministre de l'Intérieur comme extrêmement dangereux", ajoutant qu'"il est probable qu'il aurait continué à agir". Présenté également comme un "loup solitaire", "l'enquête dira s'il a bénéficié ici ou là de complicités". Mais en l'absence d'élément laissant penser qu'il comptait de nouveau passer à l'acte, sa garde à vue, qui se déroule dans des "conditions exigeantes", ne devrait pas aller au-delà de mardi, selon une source proche du dossier.

Par ailleurs, l'expertise balistique, permettant d'avoir la certitude que les armes saisies sont bien celles utilisées à Bruxelles, sera réalisée en Belgique.

Les enquêteurs semblent persuadés que Mehdi Nemmouche est bien l'homme qui a tué trois personnes et en a blessé une quatrième le 24 mai au Musée juif de la capitale belge.

Une vidéo retrouvée dans son appareil photo montre les armes saisies sur lui et une voix, semblable à celle du suspect, déclare "avoir commis l'attentat contre les juifs et vouloir mettre Bruxelles à feu et à sang". Si Mehdi Nemmouche reste pour l'heure muet, il devrait rejoindre rapidement la Belgique.

M.G. avec AFP