Lutte contre le narcotrafic: la commission d'enquête du Sénat critique le plan "famélique" du gouvernement

Le président et le rapporteur de la commission d'enquête du Sénat sur le narcotrafic ont critiqué le nouveau plan anti-stups qui doit être présenté par le gouvernement. Un plan jugé "pas à la hauteur" du phénomène.

Le constat est sévère. Alors que la commission d'enquête du Sénat sur l'ampleur du trafic de drogue en France a formulé 35 propositions pour mieux lutter contre le phénomène, son président et son rapporteur ont dénoncé l'action envisagée par le gouvernement qui présentera prochainement une série de mesures.

"Le 'plan stups' rénové s’inscrit en net recul par rapport à celui de 2019", écrivent les sénateurs auteurs de ce rapport, relevant "des objectifs moins ambitieux que ceux qui étaient fixés par le passé". Une série de 29 mesures, qui doivent être présentées dans les prochaines semaines, qualifiées de "faméliques" et "désincarnés".

Contacté, le ministère de l'Intérieur n'a pas réagi.

"Pas à la hauteur"

Au fil de leurs six mois de travaux, et de leurs 70 auditions, les sénateurs ont "découvert l'ampleur et l'enracinement" de ce trafic dans l'intégralité du territoire et relevé "l'insuffisance de la prise en compte de ce narcotrafic". "Si on avait pris la mesure du risque, on aurait déjà doté la France de moyens plus puissants", estime Étienne Blanc, le rapporteur.

Et pour les sénateurs, le gouvernement ne va toujours pas dans le bon sens en proposant selon eux "une juxtaposition de mesures disparates et imprécises". Plus critique encore, la commission considère que le gouvernement actuel avec son nouveau plan anti-stups s'est reposé sur "une économie des mots", proposant de "consolider" ou "renforcer" des actions, sans envisager de mesures concrètes.

"Miroir d’une politique publique sans stratégie d’ensemble, le plan présenté n’est pas à la hauteur des enjeux", constatent d'une seule voix le président PS et le rapporteur LR de cette commission d'enquête du Sénat.

Des opérations place nette "modestes"

Interrogés également sur les opérations "place nette" et "place nette XXL", les sénateurs auteurs de ce rapport sont plus mesurés. "Ces opérations, c'est chatoyant comme ça, on a l'impression que ça fait de l'effet, mais quand on rapporte la mobilisation des plus de 50.000 fonctionnaires de police et de gendarmerie associés à ces opérations pour le total des saisies financières, armes et drogues, c'est assez modeste", considère Jérôme Durain, le sénateur PS, président de cette commission sur le narcotrafic.

"C'est peut-être moins bien que certaines opérations de pillonage qu'on a eu avant."

La commission d'enquête a formulé 35 propositions pour lutter plus efficacement contre les trafics de drogue, allant de la création d'un parquet spécialisé au renforcement de la lutte contre la corruption en passant par une action continue sur le patrimoine des trafiquants et l'argent généré par ces trafics.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV