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Police-Justice

Les opposants au projet de Center Parcs de Roybon vont-ils être expulsés? Réponse ce jeudi

La justice se penche pour la troisième fois en six mois sur la légalité du projet du Center Parcs de Roybon, en Isère. Si ce dernier est validé, les zadistes pourraient être expulsés.

La justice se penche pour la troisième fois en six mois sur la légalité du projet du Center Parcs de Roybon, en Isère. Si ce dernier est validé, les zadistes pourraient être expulsés. - Jean-Pierre Clatot - AFP

La justice se penche pour la troisième fois en six mois sur la légalité du projet du Center Parcs de Roybon, en Isère. Si ce dernier est validé, les zadistes pourraient être expulsés.

Center Parcs de Roybon, acte 3. Pour la troisième fois en six mois, la justice va se pencher jeudi sur la légalité du projet controversé de village de vacances isérois. A la clé, une possible évacuation des militants qui bloquent le chantier depuis décembre.

Le tribunal administratif de Grenoble doit examiner à partir de 9 heures six requêtes émanant de trois associations opposées à ce projet de mille cottages avec bulle tropicale, qui doit voir le jour sur 200 hectares au coeur de la forêt de Chambaran.

Ces associations contestent la légalité de deux arrêtés pris par le préfet de l'Isère, les 3 et 16 octobre 2014. Ces arrêtés ont fait office de feu vert au démarrage des travaux: l'un autorise le projet au titre de la loi sur l'eau tandis que l'autre permet la destruction de l'habitat d'une cinquantaine d'espèces protégées (amphibiens, reptiles, écureuils, écrevisses...). Le 23 décembre, le juge des référés, saisi en urgence, avait décidé de suspendre l'arrêté portant sur le volet "loi sur l'eau", en estimant qu'un doute existait quant à sa légalité.

Une décision invalidée par le Conseil d'Etat

Le juge avait notamment justifié sa décision par l'insuffisance des mesures prévues par l'arrêté pour compenser la destruction de zones humides. Saisi par le groupe Pierre & Vacances, porteur du projet, le Conseil d'État, plus haute juridiction administrative française, a invalidé cette décision à la mi-juin, rejetant les motivations avancées par le juge de première instance.

Le tribunal doit désormais se pencher sur le fond du dossier et évaluer chacun des éléments factuels soumis au débat par les différentes parties (préfecture, associations, Pierre & Vacances). "Comme le Conseil d'État nous a donné raison, je ne vois pas comment le tribunal administratif pourrait dire que le projet est illégal", estime Christian Luciani, président de l'association Vivre en Chambaran, qui défend le projet avec entrain.

Avec quelques partisans, il doit se rendre devant le tribunal jeudi pour "montrer qu'on est présent", tout en prônant "l'apaisement" autour de ce dossier qui a agité la vie locale. Les opposants au projet, réunis dans l'association Pour les Chambaran Sans Center Parcs (PCSCP), ont eux aussi prévu de manifester. Ils espèrent qu'une lecture minutieuse du dossier amènera la justice à invalider les arrêtés préfectoraux.

Vers une annulation de l'arrêté sur la "loi sur l'eau"?

Mardi, le rapporteur public du tribunal administratif a fait connaître ses conclusions: il va demander l'annulation de l'arrêté "loi sur l'eau", ont indiqué plusieurs parties au dossier, confirmant une information de France Bleu Isère.

Le tribunal n'est pas tenu de suivre ses conclusions. "C'est une nouvelle qui nous satisfait", s'est réjoui Christian Brély, président de la fédération des pêcheurs de la Drôme, qui a déposé deux recours. Pierre & Vacances n'a pas souhaité faire de commentaire. Une victoire du groupe touristique signifierait pour les opposants "qu'on peut faire n'importe quoi n'importe où en France, que la loi sur l'eau ne sert à rien", a dénoncé Stéphane Péron, président de PCSCP.

Vers une expulsion des Zadistes?

En cas de validation du projet de Center Parcs, le préfet a d'ores et déjà prévenu qu'il ferait expulser la "ZAD" (zone à défendre) érigée par des militants hostiles au projet dès le mois de juillet. Ces "zadistes", installés dans une maison à proximité du chantier, bloquent l'avancement des travaux depuis début décembre. Une fois l'évacuation terminée, "des travaux de clôture seront engagés très rapidement" pour empêcher les zadistes de revenir, a précisé le préfet. Quoi qu'il arrive, les travaux ne pourront pas reprendre avant octobre, une fois passée la période de reproduction des espèces protégées.

Quarante hectares de forêt sur les 80 prévus doivent encore être défrichés avant d'attaquer les constructions. Le futur village de vacances doit à terme accueillir 5.600 personnes et créer 468 postes "équivalent temps plein". Il prévoit la construction de cottages, commerces et restaurants autour de l'"Aquamundo", une bulle transparente maintenue à 29°c, avec piscine, jacuzzi...

Jé. M. avec AFP