BFMTV
Police-Justice

Les drones, une "menace inquiétante pour l'avenir", estiment les experts

Un drone équipé d'une caméra, le 6 septembre 2014. (Illustration)

Un drone équipé d'une caméra, le 6 septembre 2014. (Illustration) - Nick Tininenko - GETTY IMAGES NORTH AMERICA - AFP

Intrusifs mais encore inoffensifs pour l'instant, les drones pourraient, au fur et à mesure que leur technologie se modernise, constituer une menace plus sérieuse à l'avenir. Le survol du site de l'Ile Longue, après l'Elysée le prouve, aucun site interdit n'est véritablement à l'abri.

Après les centrales nucléaires et même l'Elysée, un drone a survolé le site sensible de l'Ile-Longue qui abrite quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la dissuasion française. Cela faisait d'ailleurs plusieurs jours qu'ils avaient "été détectés" a indiqué mercredi la préfecture maritime de Brest qui assure que "ces drones n'ont pas présenté de menace caractérisée sur la sûreté des installations". Dont acte. Mais ce nouveau survol illégal n'en est pas moins problématique et, en regard de l'évolution technologique, pose à long terme la question de la protection des sites interdits.

> Faut-il s'inquiéter des survols de sites sensibles?

Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air, ne le nie pas: les drones représentent "une menace d'un type nouveau", affirme-t-il sur BFMTV. Pour lui, l'armée française doit s'adapter comme elle l'a fait auparavant avec les ULM, ces petits aéronefs à moteur qui permettent également de survoler des zones interdites. Le militaire explique qu'un dispositif "mettant en place des patrouilles d'hélicoptères avec des tireurs d'élite" avait été trouvé en réponse à cette menace.

De son côté, Christophe Naudin, spécialiste de la sécurité aérienne, identifie deux types de menaces: le fait que ces drones "vont prendre des photos" des sites, et glaner ainsi de précieuses informations, et "essayent de mesurer la capacité de réponse de l'Etat sur des sites sensibles comme l'Ile Longue qui pourtant est très bien protégée". 

> Quelle menace les drones peuvent-ils représenter à long terme?

"C'est inquiétant pour l'avenir", concède Denis Mercier. Pour sa part, Christophe Naudin explique que "la dangerosité de ce type d'appareils est soit nulle, soit extrêmement légère et les informations que peut obtenir un drone ne sont pas plus pertinentes que celle obtenues en recourant à un bon satellite survolant le même endroit". Pour l'expert, les difficultés s'annoncent "pour l'avenir, car la technologie des drones va considérablement se moderniser et l'on va finir par atteindre une capacité de transport de matière explosive dans les années à venir". Attention toutefois, explique-t-il, à ne pas confondre les drones du commerce avec les drones militaires qui n'ont rien de commun en termes de capacité et de puissance.

> Comment se protéger des drones?

Concernant l'épisode de l'Ile Longue, le porte-parole de la préfecture maritime de Brest reste assez évasif: "Ces détections ont été immédiatement traitées en mobilisant les moyens et les équipes de réaction prévus dans ce cas de figure", s'est-il borné à répondre, indiquant encore que des "moyens militaires et de gendarmerie" ont été notamment déployés.

Un des problèmes, explique encore Denis Mercier, est que la "détection, l'identification, la classification" de ces "petits systèmes ne sont pas si simples". "Nous travaillons en lien avec la chaîne de défense aérienne que nous continuons d'assurer en permanence sur l'intégralité du territoire national", conclut-il, précisant qu'il encore trop tôt pour préciser ces pistes de travail. Brouillage, tir à vue, laser antidrones, comme ceux que s'activent à développer les Etats-Unis et la Chine? "L'Etat n'est pas sourd et n'est pas aveugle et réfléchit à un certain nombre de mesures qui interviendront dans les jours ou les semaines à venir", explique Christophe Naudin.