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Police-Justice

Le juge Trévidic se souvient d'Abballa: "Il ne répondait pas aux questions"

L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic avais mis en examen Larossi Abballa en 2012. Le profil du tueur du couple de policiers des Yvelines l'avait inquiété.

"Ça fait partie des personnes pour lesquelles quand on a fini l'instruction on se dit nécessairement qu'on le reverra." Ancien vice-président chargé de l'instruction au pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris, Marc Trévidic avais mis en examen Larossi Abballa en 2012. Il se souvient parfaitement du profil du jihadiste qui a assassiné un couple de policiers dans les Yvelines lundi.

"C'était quelqu'un d'hermétique, il était impossible d'ouvrir un dialogue. Dans 9 cas sur 10 on arrive à avoir des contacts, des échanges même cordiaux avec les gens qu'on a en face de nous. Lui était était complétement fermé. Il ne répondait pas aux questions, il niait tout. Il était dans une position de fermeture totale", raconte le juge vendredi dans une interview accordée à Ruth Elkrief pour BFMTV.

"Des repérages de commissariats" dès 2011

"Je me souviens que dans le dossier il y avait un bout de papier avec des repérages de commissariats, je crois même qu'il y avait des mosquées (…) Le projet immédiat c'était d'aller s'entrainer au Waziristan, zone frontalière du Pakistan et d'Afghanistan qui était tenue par al Qaeda. L'entraînement a pour but de passer à l'action après, ce n'est jamais anodin", explique le juge.

Larossi Abballa avait été condamné en 2013 à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour avoir participé à une filière d'envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad. Il avait été libéré à l'issue du procès en septembre 2013, ayant effectué toute sa peine en détention provisoire. A sa libération, il fait l'objet d'une surveillance par la sous-direction antiterroriste (Sdat), ce qui ne l'empêchera pas de passer à l'acte.

"Nos peines ne sont plus adaptées"

Pour l'ancien juge antiterroriste, il faut prendre en charge les Français impliqués dans des filières jihadistes dès leur incarcération. "Avec la guerre en Syrie, les taux de récidive explosent. On se rend compte que nos peines ne sont plus adaptées", estime-t-il.

"C'est parce qu'elle n'a pas la capacité de juger bien des terroristes aux assises que la justice renonce. Alors que le droit le permet. Préparer des actes en vue de tuer des personnes relève du criminel. Or l'État islamique est bien une organisation qui a pour but d'attenter à la vie". Selon lui, "la justice dispose d'outils juridiques, mais elle renonce faute de moyens. Ce sont ces moyens qu'il faut lui accorder" à commencer par des effectifs en nombre suffisant.

K. L.