Karachi : le Crédit du Nord impliqué par l'ex trésorier de Balladur

L'ex-trésorier d'Edouard Balladur pour la présidentielle de 1995 a impliqué, devant un juge qui enquête sur le financement de la campagne, l'ancienne direction du Crédit du Nord dans le versement de sept millions de francs en espèces sur le compte de campagne.

L'ex-trésorier d'Edouard Balladur lors de la présidentielle de 1995 a impliqué l'ancienne direction du Crédit du Nord. Alors qu'il était interrogé par un juge qui enquête sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur, René Galy-Dejean a affirmé que la banque était impliquée dans le versement de sept millions de francs en espèces sur le compte de campagne.

"Ce compte fonctionne depuis sa création dans une relation entre le cabinet du Premier ministre et les plus hautes autorités de la banque", a assuré l'ex trésorier au juge lors d'une confrontation avec Nicolas Bazire, l'ex-directeur de la campagne, le 21 novembre dernier.

"Une instruction a été donnée" par l'un des responsables de la campagne d'Edouard Balladur "pour aller à mon insu déposer les sept millions au Crédit du Nord", affirme-t-il.

"Un fable" pour Nicolas Bazire

Et de poursuivre: "quand je dis au siège du Crédit du Nord, je veux dire par là qu'un échange téléphonique" entre l'un des responsables de la campagne "et les autorités de la banque rendait tout à fait facile le dépôt exceptionnel de 7 millions de francs". Il a toutefois précisé que c'est "a posteriori" qu'il "croi(t) pouvoir reconstituer les faits".

"C'est évidemment une fable", a rétorqué Nicolas Bazire. "Tout ce que le Crédit du Nord a pu faire à l'époque était légal", a réagi un porte-parole de la banque, confirmant qu'un compte de campagne avait bien été ouvert au sein de l'établissement.

Chargés du volet financier de l'affaire Karachi, les juges Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke recherchent l'origine des 10,2 millions de francs versés le 26 avril, en espèces, et sans justificatif, sur le compte de campagne d'Edouard Balladur, trois jours après sa défaite.

Philippe Auberger, frère de l'ancien président du Crédit du Nord, était "balladurien"

Devant le juge, René Galy-Dejean, qui a toujours dénoncé l'existence d'un "double circuit" pour le dépôt d'espèces, a répété avoir déposé uniquement trois millions de francs. De son côté, M. Bazire a de nouveau réfuté avoir déposé les 10 millions de francs.

Avocate de Gilles Sanson, blessé dans l'attentat de Karachi, maître Marie Dosé a jugé les affirmations de René Galy-Dejean "en totale contradiction" avec d'autres témoignages.

Par conséquent, "il semble utile d'entendre monsieur Philippe Auberger, tout particulièrement au vu des dernières déclarations de René Galy-Dejean, tout en sachant que Philippe Auberger, frère de l'ancien président du Crédit du Nord, a été rapporteur général du Budget entre 1993 et 1997 et qu'il a fait partie des députés RPR dits 'balladuriens' qui ont soutenu la candidature d'Edouard Balladur", écrit Me Dosé dans sa demande d'actes.