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Police-Justice

Jihad: les deux adolescents toulousains mis en examen

Les deux mineurs toulousains candidats au jihad en Syrie ont été déférés au parquet de Paris qui va requérir leur mise en examen.

Les deux mineurs toulousains candidats au jihad en Syrie ont été déférés au parquet de Paris qui va requérir leur mise en examen. - -

Le plus jeune des deux a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et placé sous contrôle judiciaire.

Il ne s'agit pas d'une première, mais une mise en examen de mineurs dans un dossier antiterroriste est exceptionnelle. Les deux lycéens de 15 et 16 ans, Y. et A., revenus les 26 et le 27 janvier en France ont été présentés dans la journée à une juge d'instruction antiterroriste. Le plus jeune a été mis en examen et placé sous contrôle judicaire. Son camarade est lui aussi mis en examen sous contrôle judiciaire.

Le parquet de paris avait ouvert ce matin une information judiciaire à l'encontre des deux mineurs toulousains candidats au jihad, interceptés en Turquie, du chef de "participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Le parquet avait requis leur placement sous contrôle judiciaire avec un volet éducatif.

Les avocats exigent leur libération immédiate

"On exige la remise en liberté immédiate et la non mise en examen de notre client, dans la mesure où il n'existe pas d'indices graves et concordants. Tous les magistrats sérieux savent pertinemment qu'il n'y aura jamais de condamnation dans ce dossier", a réagi Me Yassine Bouzrou, l'avocat de Y., 15 ans.

Sa consoeur Me Agnès Dufétel-Cordier a souhaité qu'"au terme de cette journée, les esprits se calment. Notre client a été présenté comme un jihadiste, ce qu'il n'est pas", a-t-elle ajouté. Ce dernier invoque des motivations humanitaires à son voyage, selon une source proche du dossier.

Auto-radicalisation sur Internet

Pour l'heure, rien ne semble indiquer que ces adolescents aient été recrutés en France par une filière. Ils seraient plutôt partis par leurs propres moyens. Internet et les réseaux sociaux paraissent avoir grandement contribué à la formation de leur projet.

Mais les enquêteurs tentent de comprendre leur processus d'auto-radicalisation, en analysant les sites qu'ils ont pu visiter, a indiqué une source proche du dossier. Il faudra également vérifier si quelqu'un a pu les renforcer dans leur détermination à partir.

Ils entendent également voir comment ils ont pu être approchés et s'ils ont rencontré des "facilitateurs" venus de France, ce "petit groupe de personnes" chargées d'orienter leurs compatriotes une fois arrivés dans la zone frontalière turco-syrienne, a poursuivi une autre source.

Pas de casier judiciaire

Tous deux élèves en classe de seconde générale au lycée des Arènes à Toulouse, les adolescents sont partis le 6 janvier et sont rentrés séparément de Turquie, dimanche pour le plus âgé, lundi soir pour le plus jeune. Ils n'ont aucune mention sur leur casier judiciaire. Le plus âgé est toutefois cité dans une enquête pour des violences dans son lycée, selon une source proche du dossier.

Des centaines de Français ou étrangers vivant en France sont allés se battre en Syrie ces dernières années, ont au moins eu cette intention. Mais la révélation du départ des deux adolescents a frappé les esprits à cause de leur âge. Pour l'heure, douze mineurs ont été recensés parmi ces candidats au jihad. Parmi eux, les deux Toulousains, selon une source proche du dossier.

C.P. avec Cécile Ollivier - AFP