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Syrie

Valls: "250 Français dont 6 mineurs" combattent en Syrie

Manuel Valls sur le plateau du "Grand rendez-vous", le 19 janvier 2014.

Manuel Valls sur le plateau du "Grand rendez-vous", le 19 janvier 2014. - -

Une douzaine de jihadistes mineurs français sont en transit ou se sont rendus en Syrie, a indiqué dimanche Manuel Valls, invité du Grand rendez-vous d'Europe1/Le Monde/i-Télé.

"250 Français combattent en Syrie, dont 21 sont morts", a déclaré Manuel Valls, invité du Grand rendez-vous d'Europe1/Le Monde/i-Télé, dimanche 19 janvier. Parmi eux, on compte "six mineurs".

"Le phénomène m'inquiète, le mot est faible", a déclaré Manuel Valls. "Il représente pour moi le plus grand danger auquel nous devons faire face dans les prochaines années", a affirmé le ministre de l'Intérieur, concédant que "nous, Français et Européens, pouvons être dépassés par ce phénomène, vu l'ampleur".

Une douzaine de jihadistes mineurs français sont en transit ou se sont rendus en Syrie, a indiqué Manuel Valls, alors qu'on a appris cette semaine que deux jeunes de 15 ans de la région toulousaine étaient partis y faire le jihad.

Le ministre de l'Intérieur a rappelé que près de 700 Français étaient recensés actuellement par les services français, expliquant que ces départs étaient notamment facilités par la proximité de la Syrie. Vingt-un Français sont morts en Syrie, a précisé le ministre.

"On peut se rendre en Syrie relativement facilement"

"Les deux adolescents (de la région toulousaine, ndlr) ne sont peut-être pas en Syrie. Ils sont peut-être en Turquie. Nous agissons en lien avec la famille pour les récupérer", a-t-il ajouté, expliquant que ce "phénomène s'est accéléré au cours de ces dernières semaines depuis la fin de l'année 2013".

Ces départs peuvent s'expliquer selon le ministre par plusieurs facteurs: "On peut se rendre en Syrie relativement facilement, ensuite ce combat apparaissait juste puisque toutes les grandes puissances condamnaient les agissements du régime de Bachar El-Assad et puis parce qu'il y a sans doute un malaise dans une partie de la jeunesse".

A ce jour, les services français recensent 250 français ou résidents en France qui combattent en Syrie. Une centaine sont en transit pour s'y rendre, 150 ont manifesté leur volonté de s'y rendre et 76 en sont revenus, selon Manuel Valls, qui ajoute toutefois qu'il y "évidemment une marge d'erreur".

Vendredi, le père de l'un d'entre eux décrivait dans la Dépêche du Midi le "lavage de cerveau" dont a été victime son fils de 15 ans parti avec un camarade de lycée faire la guerre en Syrie. Ces deux adolescents "ne sont peut-être pas en Syrie, sans doute en Turquie. Nous agissons en lien avec la famille pour pouvoir les récupérer", a affirmé Manuel Valls.

"Ce n'est pas dans les mosquées que ces recrutements s'organisent"

Pour lui, ces deux jeunes ont été "radicalisés". Interrogé sur une filière de recrutement toulousaine, en référence à l'affaire Merah, Manuel Valls a affirmé qu'il n'y a pas de spécificité régionale" mais des "agents recruteurs en Midi-Pyrénées". Toutefois, "ce n'est pas dans les mosquées que ces recrutements s'organisent, c'est le plus souvent sur Internet".

La France n'est pas la seule touchée. Les autorités belges ont été parmi les premières à publiquement s'inquiéter, début 2013, du départ vers la Syrie d'un nombre croissant de ses ressortissants, dont certains mineurs. "C'est un phénomène qui touche tous les pays d'Europe", a souligné Manuel Valls mais aussi "l'Australie, le Canada, les Etats-Unis et bien sûr, avec une ampleur plus importante, les pays du Maghreb".

Un nombre croissant de jeunes Européens partent combattre en Syrie dans les rangs d'organisations proches d'Al-Qaïda et représentent un "potentiel dangereux" pour les pays de l'UE et leurs alliés, avaient averti en décembre à Bruxelles les ministres de l'Intérieur français et belge.

Entre 1.500 et 2.000 jeunes Européens ont gagné la Syrie, selon les estimations citées par les deux ministres. Leur nombre était estimé à 600 en juin. "Au-delà du sort des hommes et des mineurs qui se rendent en Syrie, le danger pour nos propres intérêts, c'est le retour. Ces individus marquent leur volonté de combattre au sein d'organisations jihadistes. Le retour est particulièrement délicat", a déclaré Manuel Valls.

Le ministre doit présenter prochainement une série de propositions pour faire face à ces radicalisations.

M. R. avec AFP