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Police-Justice

Jérôme Kerviel: dernier jour pour se rendre à la justice française

Samedi, Jérôme Kerviel est resté du côté italien de la frontière, à quelques mètres du panneau "France".

Samedi, Jérôme Kerviel est resté du côté italien de la frontière, à quelques mètres du panneau "France". - -

L'ancien trader a entretenu le suspense samedi, en ne franchissant pas la frontière italienne comme prévu. Il refuse de rentrer en France.

Jérôme Kerviel, ancien trader repenti de la Société générale, refuse de rentrer en France. Il l'a annoncé dimanche, après une journée durant laquelle il a joué le suspense en s'arrêtant à la frontière et en lançant un appel au président François Hollande.

Visage buriné et fatigué par deux mois et demi de marche à pied depuis Rome, Kerviel n'a pas franchi comme prévu la frontière française samedi en milieu d'après-midi, préférant rester côté italien à une centaine de mètres du panneau bleu de la France.

"S'ils viennent me chercher, c'est pas grave"

L'ex-trader de 37 ans, condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour des opérations ayant fait perdre 4,9 milliards d'euros à sa banque, pourrait faire l'objet d'un mandat d'arrêt international.

"S'ils viennent me chercher dimanche c'est mon destin, c'est pas grave, je suis encore dans le combat, je resterai dans le combat", lançait, bravache, samedi soir Kerviel dans une ultime déclaration à la presse. En cas de délivrance d'un mandat d'arrêt international, "ils peuvent venir me cueillir, je suis juste à côté", a ajouté Kerviel qui est retourné dormir en Italie samedi soir. "Je n'ai jamais voulu fuir", insiste-t-il.

Conseillé par une douzaine de stratèges de son comité de soutien, avec son avocat David Koubbi en chef d'orchestre, il a maintenu au maximum samedi le suspense avant de créer la surprise devant une cohorte de caméras. Un groupe enthousiaste de partisans attendait samedi leur nouveau porte-drapeau à la sortie du dernier tunnel italien et non pas au poste-frontière français.

La Société générale dénonce un "tapage médiatique"

A l'issue d'une courte marche d'une heure trente depuis le centre de la ville-frontière italienne de Vintimille, il a demandé à François Hollande de protéger des témoins clefs du monde judiciaire qui connaissent bien son dossier. Ils sont "prêts à parler, mais ont peur pour leur poste", affirme-t-il.

"J'attends, côté italien, la réponse de François Hollande sur l'immunité que je demande pour ces personnes", a-t-il annoncé. La présidence a répondu que si Jérôme Kerviel sollicitait une grâce présidentielle, sa demande serait examinée "selon la procédure habituelle", après "une instruction et un avis de la Chancellerie".

"Je ne demande pas ma grâce", a répliqué quelques heures plus tard Jérôme Kerviel, campant sur ses positions sous l'oeil des caméras. "C'est une affaire d'Etat, où le pouvoir bancaire a pris le dessus sur le droit qui devrait s'appliquer à tout le monde", assène Kerviel.

Son ancien employeur, la Société générale, dénonce de son côté un "tapage médiatique" semé de mensonges, et a rappelé que la justice a "confirmé sans équivoque" "la responsabilité pénale exclusive" de Jérôme Kerviel.

A. K. avec AFP