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Police-Justice

"Je me considère comme un miraculé": Rédoine Faïd envisage de faire appel de sa condamnation

Croquis d'audience de Rédoine Faïd à l'ouverture de son procès le 5 septembre 2023, à Paris. (Photo d'illustration)

Croquis d'audience de Rédoine Faïd à l'ouverture de son procès le 5 septembre 2023, à Paris. (Photo d'illustration) - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Le braqueur connu pour ses évasions spectaculaires, Rédoine Faïd, est condamné à l'incarcération jusqu'en 2060. Il a affirmé au Parisien vouloir "faire appel" afin de ne pas "rester entre les mains de l’administration pénitentiaire pendant 50 ans".

"On met 50 ans à quelqu’un qui n’a pas de sang sur les mains". Rédoine Faïd, qui a été condamné jeudi 26 octobre à 14 ans de réclusion criminelle pour son évasion par hélicoptère de la prison de Réau en 2018, affiche sa perplexité face à sa peine, dans une interview accordée au Parisien.

Libérable avant cette dernière décision en 2046 - il avait déjà été condamné à 35 ans de prison au total pour l'évasion de Sequedin et le braquage de Villiers-sur-Marne -, le "roi de la belle" voit désormais son désir de liberté retoqué à 2060. Il aura alors 88 ans.

"Je ne me considère pas comme un héros, ni un Robin des bois. C’est normal d’être condamné pour une évasion. Mais, encore une fois, on me met tout en haut de l’échelle des peines", déplore le braqueur qui sort un livre Spirale ce jeudi 2 novembre pour raconter "l'engrenage" dans lequel il est rentré.

L'évasion: "un défi à l'État"

Rédoine Faïd regrette de prendre la "plus grosse peine" "parmi tous les détenus qui se sont évadés ces trente dernières années en hélicoptère" alors "qu'il n’y a eu ni blessés, ni mort". "L’administration pénitentiaire place l’évasion en haut de l’échelle punitive. On la considère comme un défi à l’État", remarque le détenu à Fleury-Mérogis.

Lors de son procès tenu depuis septembre, les avocats généraux avaient appelé les jurés "à ne pas se laisser abuser" par les "principes nobles" de l'accusé et avaient rappelé le "traumatisme" du pilote de l'hélicoptère, pris en otage une arme pointée sur la nuque, pour assurer l'évasion.

En outre, lors de son braquage raté de Villiers-sur-Marne en 2010, Rédoine Faïd et ses complices avaient, après une course-poursuite, mitraillé une voiture de police municipale, tuant Aurélie Fouquet, âgé 26 ans.

"Ces peines n’ont ni queue ni tête"

Son état d'esprit aujourd'hui? "Faire appel", une fois qu'il aura les motivations en main. Car pour l'instant, à ses yeux, "ces peines n’ont ni queue ni tête, compte tenu des chefs d’accusation". Rédoine Faïd a été reconnu coupable d'évasion, d'enlèvement, de séquestration, et de détention d'armes.

"Je n’ai pas envie de rester entre les mains de l’administration pénitentiaire pendant 50 ans. Je préfère me reconfronter à la justice en appel", souligne celui qui a déjà passé dix ans à l'isolement, occupant ses journées par le sport, la lecture, l'écriture et la musique.

Rédoine Faïd, le roi de l'évasion jugé sous haute surveillance
Rédoine Faïd, le roi de l'évasion jugé sous haute surveillance
17:57
L'isolement dans les prisons françaises, d'ailleurs, il en a fait son "combat", "le sens de [sa] vie carcérale".

Il compare le "mitard" à la "mort", au fait d'être "emmuré vivant avec des barbelés au-dessus de la tête". S'il pointe que de nombreux détenus se suicident en prison - 125 en 2022, "soit un mort tous les trois jours" - Rédoine Faïd se considère "comme un miraculé".

"C’est un combat de tous les jours pour rester debout, ne pas sombrer dans le chaos carcéral. [...] Après des années d’isolement, un détenu se suicide ou devient fou, il devient violent contre lui-même ou contre les autres. Donc, je suis déjà content d’être vivant", confie-t-il, tout en se demandant "jusqu'à quand" il arrivera à tenir.

Juliette Brossault