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"J'ai peur qu'elle fasse une bêtise": la tante de Nahel s'inquiète pour la santé mentale de la mère de l'ado

Une marche blanche organisée à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 29 juin 2023, en hommage à Nahel, tué par un tir de la police.

Une marche blanche organisée à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 29 juin 2023, en hommage à Nahel, tué par un tir de la police. - Bertrand GUAY / AFP

Après la mère et la grand-mère de l'adolescent tué par un tir de policier, sa tante prend la parole pour appeler au calme. "Ce serait un désastre si rien ne change", après la mort de son neveu, dit-elle.

Nouvel appel au calme. Après la mère, puis la grand-mère, la tante de Nahel, 17 ans, tué le 27 juin dernier après le tir d'un policier lors d'un contrôle routier, a choisi de prendre publiquement la parole afin de lancer à son tour, ce lundi, un appel au calme auprès du média britannique The Independant. Elle espère que la mort de son neveu puisse susciter un "vrai changement".

"Je demande l'arrêt des violences. Je ne veux pas que les gens soient blessés. Notre famille est très opposée à toute violence", clame Hatifa, 47 ans.

Des propos qui font écho à ceux de la grand-mère de Nahel qui a lancé dimanche un appel au calme auprès de BFMTV. "Les policiers, heureusement qu'ils sont là. Les gens qui sont en train de casser, je leur dis 'arrêtez'", disait-elle.

L'Hexagone a connu six nuits d'affilée d'émeutes, marquées par de nombreuses interpellations, après la mort de l'adolescent à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

"On savait que la mort de Nahel aurait un impact, mais pas à ce point"

Pour sa tante, Nahel était un adolescent sans histoire, mais plein d'ambitions. Elle se souvient de lui comme d'un "nounours affectueux", qui aimait écrire des paroles de rap dans son temps libre et qui était "dévoué" à sa mère.

Si elle se dit "reconnaissante" à l'égard du soutien reçu, Hatifa confie sa surprise face à l'ampleur des protestations initiées par la mort de son neveu.

"On savait que la mort de Nahel aurait un impact, mais pas à ce point. Je pense qu'il y a des foules de protestations parce qu'il y a beaucoup de mères qui, comme ma soeur, en ont assez d'avoir peur tout le temps", estime la mère de quatre enfants.

"Le racisme et les discriminations au sein de la police doivent cesser"

La tante de Nahel veut croire que la disparition de neveu ne sera pas vaine. "J'espère que la mort de Nahel va susciter une forme de changement qui fera que ça ne se reproduira plus", dit-elle.

"En fin de compte, un adulte a tué un bébé par balle", résume-t-elle.

"Je n'ai pas toutes les réponses pour mettre fin (à cette situation). Le racisme et les discriminations au sein de la police doivent cesser", estime-t-elle, ajoutant que "les policiers ne savent plus quoi faire et rejettent leur frustration sur les jeunes".

"Ça doit s'arrêter, les jeunes n'aiment pas la police, la police devrait nous défendre, pas nous attaquer", clame-t-elle.

"Ce serait un désastre si, après tout ce qu'il s'est passé, rien ne change et que (le policier) s'en sort librement", souligne-t-elle.

"J'ai peur qu'elle fasse une bêtise"

Après l'enterrement de Nahel samedi dernier et "l'immense chagrin" causé par sa mort, Hatifa s'inquiète désormais pour sa sœur Mounia et mère de l'adolescent, qui avait appelé à une marche blanche jeudi dernier.

"Ma sœur s'est entièrement concentrée sur son fils, son fils unique. J'ai peur qu'elle fasse une bêtise quand elle sera confrontée à la solitude, une fois que tout se sera calmé", souffle-t-elle.

Au moins 157 interpellations ont été réalisées dans la nuit de dimanche à lundi, un chiffre en baisse, alors que 45.000 gendarmes et policiers avaient été mobilisés.

Juliette Desmonceaux