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Police-Justice

Infirmière tuée à Reims: l'avocat du suspect estime que son client souffre d'un "délire de persécution"

L'avocat du suspect rapporte que le suspect de la double agression au couteau au CHU de Reims est atteint de "schizophrénie paranoïde". Il décrit un homme qui s'en est pris à des médecins sans visée particulière.

Un homme d'abord malade. Âgé de 59 ans, le suspect de l'agression mortelle au couteau d'une infirmière du CHU de Reims, dans la Marne, est un homme atteint de "schizophrénie paranoïde" et souffrant d'un "délire de persécution", a assuré son avocat Me Olivier Chalot à BFMTV ce jeudi.

"C’est le genre de personne qu’on voit en hôpital psychiatrique sous traitement. (...) C’est un profil psychiatrique", souligne l'avocat au barreau de Reims.

Il développe en assurant que son client est "atypique" et loin de montrer une "violence sociétale habituelle", en raison d'une longue attente aux urgences par exemple.

Le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette a déjà déclaré mercredi lors d'une conférence de presse que le suspect est atteint de paranoïa et de schizophrénie. Le suspect a été mis en examen et écroué mercredi pour "assassinat" et "tentative d'assassinat".

Un homme enfermé dans un "monologue"

Concernant le profil de son client, Me Olivier Chalot décrit un homme centré lui-même et sur ses colères.

"Je crois qu’il en veut un peu à tout le monde", assure-t-il.

"Il est dans un délire de persécution", indique l'avocat. Pour ce dernier, le suspect s'en est pris à des blouses blanches, comme il aurait pu choisir une autre cible. "Ça aurait pu être ses avocats, La Poste", énumère l'homme de loi.

Me Olivier Chalot assure que pendant sa rencontre, de quelques minutes, avec son client, ce dernier est resté contenu dans un "monologue" lors duquel il a parlé essentiellement "de ses problèmes d’argent et de curatelle".

"Est-ce que c’était sa façon habituelle d’être ou est-ce que c’était parce qu’on l’avait déjà remis sous traitement?", s'est cependant demandé l'avocat.

Une expertise psychiatrique attendue

Après la double agression au couteau, le suspect a été entendu par un juge. Son avocat estime que le quinquagénaire a, à ce moment-là, "compris où il était". "Je ne sais pas s’il mesure toute l’importance (de ce qu’il a fait)", nuance-t-il cependant.

"Je ne pense pas qu’il se considère lui-même comme un criminel, dans la brume intellectuelle qui est la sienne."

Actuellement placé en détention, le suspect doit être vu par des experts psychiatriques pour évaluer son état, un travail qui doit prendre plusieurs semaines. L'enjeu: "déterminer quel est le degré de responsabilité pénale (de son client), parce que c’est ça qui va déterminer la suite du dossier", selon l'avocat.

De potentielles "défaillances"?

Alors que l'homme avait été identifié et était suivi psychiatriquement depuis des années, se pose la question de savoir s'il y a eu des manquements dans son accompagnement, alors qu'il avait déjà poignardé quatre personnes en 2017, puis été mis en examen pour violences volontaires aggravées, selon nos informations.

"La question est: à quel moment a-t-on loupé tout ça? S’agit-il de défaillances ou d’un mauvais concours de circonstances?", se demande son avocat.

"Compte tenu de sa dangerosité, on sent bien que c’est quelqu’un qui nécessitait autour de lui un encadrement et une vigilance particulière", estime pour sa part l'avocat, tout en précisant bien que qu'il ne sait pas dire précisément "s'il y a eu des défaillances ou non". L'homme faisait l'objet d'une mesure de curatelle renforcée depuis plusieurs années et était suivi sur le plan psychiatrique depuis 1985, selon le procureur de Reims.

Juliette Desmonceaux